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Courrier mensuel de l'Office de Documentation et d'Information de Normandie

Mercredi 30 Août 2017

Sous les sabots de Sleipnir, le coursier d'Odin…
Actualités normandes du mois de août 2017



Toute feuille d’informations doit se projeter dans l’esprit des éventuels lecteurs : de ce fait, elle se doit d’être compréhensible et, ainsi, d’être comprise, mais de plus, elle entame une sorte de dialogue avec son lectorat et ses rédacteurs doivent être attentifs aux réactions et aux suggestions de ces interlocuteurs de rencontre. Surtout lorsque des critiques sont formulées. Les rédacteurs, d’abord, doivent en tirer profit et, la moindre des choses, est qu’ils répondent à ces éventuels détracteurs qui, le plus souvent, montrent ainsi leur intérêt à la lecture de ces textes qui leur sont destinés.
Ce long préambule survient à un moment où nous avons reçu deux critiques pertinentes à propos de notre dernière livraison des Actualités normandes de juillet.
Ce qui nous oblige à y revenir, avant d’aborder les Actualités normandes du mois d’août et vous verrez que ce n’est pas inutile.
 
Parmi les commentaires reçus – tous amicaux d’ailleurs -, nous en avons relevés deux sur lesquels nous devons à tous nos lecteurs une explication.

La première explication est un reproche. Nous n’avons pas évoqué le drame de l’incendie, provoqué par la foudre, du Musée de l’Ile de Tatihou, au cours duquel plusieurs dizaines de tableaux – dont certains confiés par le Louvre – ont été détruits. Le drame, car c’en est un, c’est que ces pertes sont irrémédiables et ces tableaux qui, pour la plupart, représentaient des « marines » de nos côtes, souvent réalisés par de petits maîtres normands des siècles derniers, étaient des témoignages irremplaçables de la vie maritime normande et du talent de peintres de grande qualité. Nous ne dirons rien des conditions dans lesquelles cet accident a pu se produire. Toutes les précautions avaient-elles été prises ? Faut-il invoquer la seule fatalité ? Nous n’en savons rien et l’émotion a été grande à en juger par le nombre d’articles de presse consacrés à ce « fait divers ». Disons-le carrément : notre correspondant a eu raison de nous reprocher notre silence à ce sujet. D’autant plus que nous avions relevé, découpé, classé tous les articles sur cet événement malheureux. Alors, pourquoi notre silence ?
En fait, nous avons réservé l’évocation de ce dramatique incendie à la demande de la rédaction de Culture Normande, qui compte en faire état dans une prochaine livraison. C’est une explication, nullement une excuse et nous avons commis une erreur : Culture Normande est un trimestriel, le Courrier de l’O.D.I.N. est mensuel. Relater ce drame culturel dans trois mois n’aurait pas dû empêcher que nous en fissions état dans notre chronique mensuelle…
Nous en tirerons un enseignement : il y a l’événementiel (c’est la vocation du Courrier de l’O.D.I.N.) et il y a, éventuellement, le temps de la réflexion (c’est la mission de la revue Culture Normande).
 
La seconde observation pose un autre problème. Une de nos amies nous reproche un ton un peu trop pessimiste dans l’exposé des affaires normandes. Elle y voit le fait que « nous ne travaillons pas à partir des sources, mais à partit de la lecture parfois biaisée qu’en fait la grande presse. (…) La presse force sans cesse le trait et broie volontairement du noir (…) Le problème, c’est qu’on entre dans un système d’auto-prédiction dans lequel le fait de dire que cela va mal finit par créer les difficultés. »
Le diagnostic est sévère, mais il nous paraît mal fondé.
Il y a les faits – complexes – et les interprétations qu’en font les observateurs, la presse en l’occurrence, et l’opinion publique, à tort ou à raison, se forme à partir du ressenti que lui en donne la presse. On dit souvent que la presse ne parle jamais des trains qui arrivent à l’heure. Avouons qu’en Normandie, voilà un sujet sensible et le nombre inquiétant des incidents ferroviaires ne laisse pas indifférents  les observateurs et… les usagers !
Et puis, il ne faut pas se tromper sur les buts du Courrier de l’O.D.I.N. : c’est VOLONTAIREMENT que nous nous référons aux articles qui paraissent dans la presse normande et, seulement, à ce matériau, qui est loin d’être parfait. Aller aux sources, suggère notre correspondante, c’est un autre dessein, qui suppose une réflexion sur le long terme et des approches comparatives qui excèdent les nécessités d’un compte-rendu mensuel des actualités normandes.
 Donc, sur ce point, nous ne partageons pas la critique que nous fait amicalement notre correspondante.
Au reste, si nous restons optimistes sur l’avenir de la Normandie, une longue pratique de la vie normande – politique et économique – nous conduit à être sévères avec les responsables de la Région qui, durant sa calamiteuse division, ont gâché les atouts dont disposait la Normandie. Laquelle a connu un relatif déclin (par rapport à la plupart des régions adjacentes) depuis 60 ans. Nous pensons à l’inverse – et nous ne cessons de le dire – que la réunification de la Normandie a redonné du tonus à la Région, enfin redevenue elle-même. Le relèvement est lent, peut-être, mais sensible. Cela ne nous empêche pas de rester lucides et, dans tout, de faire la part des choses.
 
UN SONDAGE SIGNIFICATIF
 
Ce sondage IFOP, commandé par la Région, a fait l’objet de nombreuses analyses dans la presse normande.
« Les Normands sont heureux de la fusion, mais... », titre La Manche Libre (26 août). Les chiffres sont éloquents : 73 % des habitants sondés sont satisfaits que la haute et la basse Normandie ne forment plus qu’une seule et même région. Ce pourcentage est à rapprocher du sondage de l’An 2000 (BVA – Groupe Méaulle) où, à 65 %, les Normands voulaient la réunification. La progression – sensible – est donc une confirmation.
C’est dans l’Eure (le département le plus menacé par l’hydre parisien?) que l’on trouve le pourcentage le plus élevé (84%). Ce chiffre baisse en Seine-Maritime (75%) et plus encore, dans l’Orne (65%), tout en restant majoritairement positif.
Ce n’est pas la première fois que nous remarquons que le département de l’Orne se sent moins concerné par l’action du Conseil régional, tout en restant acquis à l’idée de Normandie. C’est à méditer pour les actuels dirigeants de la Région.
Cela étant, le sondage montre que la Région est une collectivité mal connue et qui compte le moins aux yeux des citoyens (38%) alors que la commune reste plébiscitée (59%), le département obtenant 52 % et, plus surprenant, compte tenu des nombreuses critiques portées contre elles, les intercommunalités satisfont 50 % des sondés.
Il y a donc un problème dans la perception de la Région : une insuffisante proximité,  peut-être des prérogatives mal connues sans doute. Il n’empêche – et on peut penser que cela évoluera dans le ressenti de la population – que c’est au niveau de la Région que se retrouve la pertinence de l’aménagement du territoire.

Autres enseignements de ce sondage :
  • Un chiffre surprenant… et encourageant. 91 % des Normands sont satisfaits de vivre en Normandie. Ce score est sans appel et contraste fortement avec la vulgate serinée par les médias (La Normandie, il y pleut tout le temps, la Vallée de la Seine est polluée, l’accueil normand est sinistre, etc.). Cependant, on peut noter que les professions intermédiaires, à 44 %, et les employés, à 48 %, se montrent ravis d’y vivre. Voilà un sujet qu’il faudrait davantage approfondir pour en trouver les causes.
  • Quand on interroge les Normands sur les attraits de la Région, c’est le cadre naturel et la gastronomie qui l’emportent (nous aurions aimé que ce fût son patrimoine, soit dit en passant).
  • Comment les Normands jugent-ils préoccupations et actions du Conseil régional ? 64 % d’entre eux trouvent que le travail accompli par le Conseil régional présidé par Hervé Morin est bon. Les domaines dans lesquels les Normands estiment le bilan de la Région positif sont – par ordre décroissant – le rayonnement de la Normandie (71%), les activités culturelles (66%), le sport (63%), les lycées (58%), la sécurité des personnes et des biens (51%). A l’inverse, l’emploi et le développement économique sont mal notés (29%). Cela nous paraît injuste, mais sans doute explicable : les effets de l’action de l’Agence de Développement de la Normandie et de tous les dispositifs créés depuis le 1er janvier 2016 ne sont pas encore perçus, bien qu’ils soient réels. De même nous sommes surpris que la formation – dont l’apprentissage – ne soit pas mentionnée alors que l’Exécutif régional s’est beaucoup investi en ce domaine.
  • Un point sensible, mais tout à fait prévisible, excite les Normands : 23 % des sondés espèrent que la Région va améliorer le transport ferroviaire. Toutefois, 41 % d’entre eux estiment que le Conseil régional a pris de bonnes décisions en ce sens.
  • Parmi les attentes, les Normands veulent le haut débit (91%), la modernisation des routes (90%), l’apprentissage (89%), le soutien aux territoires ruraux (88%), le développement de l’agriculture.
  • 46 % des sondés sont favorables au siège du Conseil régional à Caen, mais 73 % estiment que la Région s’implique dans le développement des deux villes, Rouen et Caen.
  • On a aussi demandé aux personnes interrogées quelles devraient être les priorités de la Région. Les résultats sont évidents :
  1. - L’emploi et le développement économique (50%)
  2. - L’amélioration des transports (23%)
  3. - La santé (21%)
  4. - La protection de l’environnement (15%)
  5. - L’éducation (14%)
Peu de renseignements sur l’avenir universitaire ou la Recherche : sans doute ne juge-t-on pas la Région directement concernée ?
Ce qui est surprenant, c’est que les sondés ignorent le nom du Président de la Région (seulement 49%), cependant 40 % ont une bonne opinion d’Hervé Morin (24 % en ont une mauvaise) et 36 % ne se prononcent pas : bilan positif, certes, mais peut mieux faire !
Si l’on compare la situation de la Normandie par rapport aux autres régions, les Normands estiment que la situation est meilleure que celle de l’Ile-de-France (56%), celle des Hauts de France (49%), celle des Pays de la Loire (17%), celle de la Bretagne (15%). L’attirance de l’Ouest reste grande.
Comme le déclare Hervé Morin (in Paris-Normandie du 14 août), le bilan général est positif, mais il y a encore des marges de progression à conquérir, notamment dans le développement économique. Le Président de la Région s’estime encouragé par le fait que 67 % des sondés pensent « qu’il a un projet et qu’il se bouge pour la Région ».
C’est aussi notre avis.
 
L’ANNONCE DU REPORT DE LA REALISATION DU CANAL SEINE – NORD – EUROPE
 
Elle a fait couler beaucoup d’encre. Le Mouvement Normand, dans son communiqué N° 257, en a dénoncé l’ambiguïté. Nous n’y reviendrons pas.
A l’inverse, le gadget de l’opération « Réinventer la Seine » a été dénoncé avec férocité dans un article du journal Le Monde (4 août) : l’opération « sombre dans un infantilisme vert ». On ne peut mieux dire.
Puisque nous évoquons le devenir du Canal Seine – Nord – Europe, nous avons noté la série d’articles du journal Ouest-France sur les 160 ans du Canal de Caen à la mer, qui ont donné lieu à de multiples festivités et à des reportages sur l’importance du Port de Caen – Ouistreham.
 
EN CE MOIS D’AOUT, TRIOMPHE DE LA FILIERE EQUINE
 
La Normandie, terre du cheval. Il ne s’est pas passé une journée sans que la filière équine n’ait été mise à l’honneur. Le Normandy Horse Show, à Saint-Lô, a été une grande réussite. Les manifestations hippiques ont rencontré un vif succès sur tous les hippodromes. La vente des yearlings à Deauville a connu son engouement habituel, avec des ventes remarquées de futurs cracks (prix moyen : 166 249 euros). Le Figaro a consacré un long article à la vente des yearlings à Deauville (N° du 19 août), rappelant que la filière des chevaux représente 70 000 emplois et qu’en 2016, les ventes de 231 poulains avaient rapporté 40 millions d’euros. Cette année, ce chiffre n’a pas été atteint, mais reste impressionnant. Il est vrai qu’il y avait moins de chevaux à vendre…
 
EN VRAC
 
  • La sécheresse a frappé la Normandie, moins qu’ailleurs peut-être, mais de façon uniforme. Contrairement à l’affirmation de Ouest- France (17 août), la sécheresse ne recoupe pas la région en deux – cette manie de vouloir ressusciter les singularités entre haute et basse Normandie -, mais nous retrouvons l’habituelle persistance d’une Normandie sèche (dans la partie sud de l’Eure, notamment) et d’une Normandie plus humide (le Cotentin , le Pays de Bray), avec des contrastes plus marqués cette année.
  • Il semble que l’apiculture normande se réveille. Il n’est que temps. Sont mis en évidence maints ruchers, l’écomusée de l’abeille, au Vey, en Suisse normande. La fête du miel qui s’est déroulée à Dozulé serait-elle le signal d’une mobilisation apicole normande ?
  • On parle à nouveau de la création d’un Parc Naturel Régional dans le Pays de Bray (qui serait à cheval sur la Normandie brayonne, l’Oise normande et le Beauvaisis, qui dépendent des Hauts de France). Le Mouvement Normand y est très favorable et souhaiterait que le Vexin normand s’adjoignit au Parc Naturel Régional du Vexin français et que la Vallée de la Bresle inférieure formât avec le Vimeu, le Ponthieu, la Baie de Somme un Parc Naturel Régional commun aux Hauts de France et à la Normandie.. En fait, c’est une revendication constante du Mouvement Normand : extensions des Parcs Naturels Régionaux existants, créations de nouveaux Parcs, de même que l’extension du Conservatoire du Littoral. Il s’agît, là, d’un point important du programme écologique du Mouvement Normand et de l’Organisation Normande de Défense de l’Environnement.
  • On attendait le cidre, ce fut la bière ! Avouons que nous avons été surpris d’apprendre que la Normandie était la région de France où l’on consommait le plus de bière par tête d’habitants. Mais notre étonnement a été tempéré par le fait que, depuis quelques années, le nombre de brasseries artisanales ne cesse d’enfler en Normandie : nos archives de presse – que nous avons consultées à cette occasion – en font foi. Pourtant la filière cidricole (et du poiré) ne cesse, de son côté, de progresser. Que voilà une compétition intéressante !

UN ETE PLUS CULTUREL QUE TOURISTIQUE
  • D’abord, ce qui est à la limite du culturel et du touristique : on ne compte plus les fêtes où se montrent les compagnies de reconstitutions médiévales (Vikings, chevaliers, etc.). Cette tendance se confirme et le village d’Ornavik, à Hérouville-St-Clair entretient bien la flamme.
  • Du fait du 500e anniversaire de la création de la Ville du Havre par François 1er, la presse met l’accent sur les écrivains et les auteurs de la Porte Océane, d’où des portraits élogieux de Benoît Duteurtre, de Christophe Ono – dit – Biot, de Philippe Huet, etc. … qui disent tout le bien qu’ils pensent de la ville qui vit naître, entre autres, les Scudéry, Bernardin de Saint-Pierre, Casimir Delavigne, Raymond Queneau.
  •  Nous avons appris avec tristesse la disparition de la romancière Jacqueline Monsigny, qui avait son public et n’oubliait jamais ses origines normandes.
  • Cet été fut musical aussi en Normandie, en tous les genres musicaux, d’ailleurs. On a ainsi connu le premier festival Green Horse sur l’hippodrome de Mauquenchy qui, paraît-il, fut un grand succès populaire (aucun de nous n’a assisté à ce rassemblement…)
  • Le 12e Festival Offenbach s’est déroulé à Etretat, avec toujours la même gaîté.
  • Le Festival de Musique ancienne (22e édition), organisé par l’Association pour le rayonnement de la musique ancienne en Normandie, a réuni ses adeptes toujours plus motivés et Arques – la Bataille (et autres cités de la région dieppoise) a accueilli son traditionnel Festival Bach.
  • La presse nationale a consacré divers articles à Camille Saint-Saens : quand mettra-t-on à l’honneur ce compositeur normand à la place qui devrait être la sienne, une des premières dans le Panthéon musical français ?
  • Enfin, on nous annonce un Festival de musique sacrée, Via Aeterna, en septembre, du côté de Granville, Avranches et le Mont-St-Michel.
  • Nous terminerons ce panorama (rapide) par l’évocation du centenaire de la naissance de Bourvil, notre Bourvil, lors de diverses manifestations dans le Pays de Caux.
  • Une bonne nouvelle pour finir : il semble que la collection d’objets du terroir rassemblée par Constant Lecoeur va pouvoir être montrée grâce à l’association Clos Masures, Racines et Avenir de Caux (C.M.R.A.C.) Ainsi sommes-nous partis de la désolation de l’incendie du Musée de l’Ile de Tatihou pour en arriver à la résurrection d’un autre musée, celui de la collection Lecoeur. C’est une consolation.

Guillaume LENOIR
Assisté de Thierry Langlois et Edwige Le Forestier 

P.S. : Tous les faits signalés dans cette chronique reposent sur des articles collectés dans la presse normande. Pour plus de précisions, s’adresser à l’O.D.I.N. (87, rue de la République – 76 940 La Mailleraye sur Seine).

La Rédaction