
De récentes photos de presse nous font reconnaître un échec du Cercle Normand de l’Opinion : la vue de la "spectaculaire destruction du barrage de La Roche-qui-boit dans le Sud-Manche" (Ouest-France, 25 juin 2022). C’est l’épilogue d’un combat perdu pour le maintien en fonction d’ouvrages d’art, régulateurs de crues, producteurs d’énergie renouvelable, ayant contribué à modeler un paysage : les lacs du Sud-Manche.
Bien entendu, on n’a pas tenu compte des protestations des riverains de ces lacs, artificiels certes, mais qui offraient des bases de loisirs appréciées par quelques vacanciers locaux ne pouvant, faute d’argent, aller se détendre loin de leur domicile. Il est à retenir les atermoiements des autorités gouvernementales qui ont leurré l’opinion par des tergiversations douteuses. Il fallait refiler l’ardoise aux collectivités locales, car, chose curieuse, on est étrangement muet sur le coût de la destruction des barrages et la « renaturation » de la vallée. L’Europe va payer (un peu), l’Agence de Bassin Seine-Normandie (beaucoup), etc., mais quels que soient les financeurs, au final, c’est le contribuable qui paiera, d’une manière ou d’une autre.
Et puis, une Sélune non contrôlée par ces fameux barrages ne peut-elle, un jour prochain, connaître l’une de ces crues dévastatrices qui pouvaient inquiéter les villages situés en aval des barrages lorsque ceux-ci n’étaient pas construits ?
Ces barrages fournissaient une énergie renouvelable non négligeable, capable de fournir en électricité une agglomération comme celle d’Avranches : un tel apport était-il à mépriser ? Au plan écologique, le choix a été entre une nature aménagée – comme la plupart des sites –, qui avait modelé un paysage et régulé avec profit un cours d’eau ainsi complice de l’activité humaine, et la satisfaction hédoniste de fanatiques et dogmatiques écologistes. Ce choix, sans doute, le regrettera-t-on, plus tôt qu’on ne le croit. Qui assumera la responsabilité de cette démarche suicidaire ?
II y a des batailles perdues honorables !
Cercle C.N.O. de Granville – Sud Manche, le 15 juillet 2022