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Courrier mensuel de l'Office de Documentation et d'Information de Normandie

Vendredi 17 Janvier 2020

Sous les sabots de Sleipnir, le coursier d'Odin…
Actualités normandes du 4e trimestre 2019



Puisque nous rédigeons cette chronique en début de mois, il n’est pas trop tard pour exprimer à nos lecteurs nos vœux les plus fervents pour la nouvelle année : que 2020 soit pour tous, pour les Normands en particulier, un bon millésime. L’an 2019 s’est terminé dans un certain chaos : les grèves, dont nous ne discuterons pas le bien-fondé et qui affectent tout spécialement les « navetteurs », ceux d’entre nous contraints chaque jour d’aller travailler à Paris (et d’en revenir…). Mais c’est la catastrophe de l’incendie de Lubrizol, à Rouen, qui aura marqué les esprits et affecté l’image de marque de la Normandie, cataloguée une nouvelle fois comme une région à hauts risques alors qu’elle est, et c’est tant mieux, une région industrielle. Avec tout ce que cela comporte comme aléas – bons ou mauvais –, sources d’inquiétudes et de… richesses. La Normandie est une région qui compte aux plans économique, énergétique, industrielle, portuaire… Et les éventuels accidents sont la rançon de sa gloire et la nécessité impérative d’apprendre à gérer les risques.

Nos lecteurs seront surpris, avec la livraison de ce mois de janvier 2020, que nous passions, dans la relation des actualités normandes, du rythme mensuel au rythme trimestriel. C’est un essai : peut-être reviendrons-nous à la cadence antérieure. Le rythme trimestriel présente l’avantage de ne retenir que les points essentiels, tandis que la parution mensuelle permet une plus grande exhaustivité. Nous ferons le bilan de l’expérience après les élections municipales qui devraient fournir le thème principal du prochain courrier de l’O.D.I.N..

 

En attendant, faisons le bilan du dernier trimestre de l’année 2019, en insistant tout spécialement sur des rubriques que nous ne développons pas souvent jusqu’à maintenant : les problèmes de formation, la gestion financière des collectivités, les problèmes de société… Ce qui ne nous empêchera pas de retrouver les thèmes habituels : problèmes liés à la mer, aux mobilités, questions énergétiques, celles du monde agricole, de l’environnement, de l’aménagement du territoire. Pour terminer, comme de coutume, par les principales activités du Conseil régional.

 

LA DICTATURE DES STATISTIQUES

 

On connaît le mot de Churchill selon lequel le Premier ministre de Sa Majesté ne croyait que dans les statistiques qu’il avait préalablement manipulées… Donc, sans céder à la manie des chiffres toujours difficiles à vérifier ou des classements souvent subjectifs, regardons les tableaux (cf. Le Figaro du 12 novembre) montrant les cinquante villes étant les plus endettées de France : 18e, Saint-Etienne du Rouvray ; 36e, Dieppe ; 50e, Bernay. En ces temps pré-électoraux des municipales, cela a sans doute un sens, sinon des explications. D’autre part, de 2008 à 2019, la taxe foncière a augmenté de 37,9 % à Rouen, de 30,9 % au Havre, de 20,1 % à Caen… Pour quoi faire ? Là est la vraie question.

D’autre part, dans un autre article, il est indiqué que la réunification de la Normandie n’a pas engendré d’économies d’échelle. Cela peut paraître décevant, mais, d’une part, que peut-on en juger en trois ans de mandat, et, d’autre part, la réorganisation d’une structure unitaire à partir de deux entités disparates et aux pratiques différentes pouvait-elle se concevoir sans des dépenses supplémentaires, notamment un alignement des rémunérations des personnels au niveau le plus élevé de chacune d’elles ?

 

LA MÉDIOCRITÉ DES PERFORMANCES SCOLAIRES ET UNIVERSITAIRES NORMANDES

 

Depuis quarante ans, on constate un retard de deux points de la Normandie par rapport à la moyenne nationale, que ce soit dans les résultats des examens ou que ce soit dans l’attractivité des enseignements supérieurs. Quant à la Recherche… !

Beaucoup d’efforts ont été fournis, y compris par les collectivités territoriales, mais rien n’y a fait : le rattrapage n’a pas eu lieu. On devrait en chercher les causes. Il faudrait surtout que, dans ce domaine, l’État, dont c’est la mission, consacrât des investissements considérables, ne serait-ce que pour éviter que de nombreux jeunes Normands ne partent se former ailleurs. Ce qui, ajouté au fait que de nombreux diplômés quittent la région pour mener une carrière professionnelle gratifiante, explique l’écrémage systématique des élites normandes avec les conséquences sur la démographie. Le désastre normand est là (les statistiques démographiques du début de l’année 2020 vont le confirmer).

Cela étant, il faut s’arrêter sur les réussites des établissements d’enseignement supérieur normands, telles qu’elles apparaissent dans les classements parus dans la presse.

  • Au palmarès des Écoles de commerce et de management, Neoma – Rouen est en 8eposition, l’E.M.- Normandie de Caen – Le Havre se hisse à la 21eplace.
  • Pour les Écoles d’informatique, numérique et mathématiques, l’I.N.S.A.- Rouen est classée 21e, l’ESIGELEC- Rouen au 39erang, l’E.N.S.I. - Caen au 41e.
  • Pour les Écoles du génie électrique, nucléaire, énergétique, l’ESIGELEC -Rouen est 18e, UNI – la Salle – Rouen est 22eet l’E.S.I.T.C. - Caen 25e.

Félicitons ces établissements, mais observons tout de même que tout cela reste modeste pour une région très industrialisée, très ouverte au commerce international et très en pointe en matière nucléaire et énergétique.

  • Relevons d’autre part que l’École de Management de Normandie (EMN) est reconnue comme partenaire d’Entech-France, qu’UNILaSalle est une école centenaire (on la connaissait, il y a peu, sous le nom d’ESITPA).
  • Les IUT DE Caen ? Alençon et Cherbourg viennent de se fédérer en un I.U.T. Grand Ouest.
  • Une École de construction – bois de Normandie s’est créée à Caen, une École du Dessin animé vient de se lancer à Bayeux et, dans la Manche, vient d’être fondée l’École d’usinage du Cotentin.
  • À Deauville s’installe une École hôtelière certifiée par celle de Lausanne en Suisse. Rouen vient d’ouvrir une École d’Arts culinaires Fauchon et, à Caen, une École du numérique (ISEN) voit le jour.

Comme on le voit, les initiatives et les novations sont nombreuses et donnent de l’optimisme.

Pourquoi faut-il qu’en contre-point, on constate des tensions absurdes à propos de la fusion des Universités de Rouen et de Caen (Le Havre faisant en outre cavalier seul) ? Les querelles autour de la localisation du C.R.O.U.S. de Normandie à Rouen semblent s’apaiser depuis la répartition en trois pôles de cet organisme (Rouen – Caen – Le Havre).

 

LA SOCIÉTÉ NORMANDE EST-ELLE EN CRISE ?

 

La rubrique « Problèmes de société » est très hétéroclite : nous y mettons un peu tout ce qui relève des faits divers et la vie de tous les jours. Ainsi avons-nous déjà fait allusion aux questions démographiques : les villes ont tendance à perdre de leurs habitants au profit des communes périphériques, l’Eure est le seul département normand dont la population progresse (desserrement de la région parisienne) et la situation démographique de l’Orne devient préoccupante. Il apparaît aussi que la population normande vieillit (on sait pourquoi : l’écrémage des jeunes) et que la chute de la natalité est un mauvais signe. Nous reviendrons sur la question après les résultats plus complets du recensement.

  • Paris-Normandie (23 novembre) consacre une double page au titre évocateur : « Recherche médecins désespérément ». L’insécurité sanitaire guette la Normandie : ce n’est pas nouveau, mais cela s’amplifie… Y aurait-il un lien avec l’hiver démographique ?
  • La Poste, véritable féodalité, montre chaque jour la dégradation de ce service public, et ce, dans tous les coins de la Normandie : il faudrait que les Élus se mobilisassent davantage et que l’on repensât radicalement les missions de la Poste.
  • Une récurrence normande, le déminage, que ce soit à terre ou en mer, se rappelle à notre bon (?) souvenir une ou deux fois par semaines : on retrouve des bombes non explosées à terre ou des mines dérivantes en mer. Heureusement, ces engins de mort sont rendus inoffensifs grâce aux équipes de démineurs qui ne chôment pas. Un article récent affirme qu’il faudra plusieurs siècles pour nettoyer complètement le sol normand et la baie de Seine.
  • Les violences urbaines, mais aussi rurales (nombreux incendies) deviennent fréquentes. Le phénomène n’est pas nouveau, mais il prend une ampleur inquiétante. Cela alimente presque quotidiennement les « faits divers » dans les journaux : va-t-on s’habituer à ces exactions au point de les banaliser ?
  • Phénomène plus récent, les tentatives de franchissement de la Manche par de plus en plus de migrants voulant, coûte que coûte, gagner le Royaume-Uni. À la veille du Brexit, on craint une aggravation de la situation dans les ports de Dieppe, Le Havre, Ouistreham et Cherbourg où vont stationner plus longtemps des poids lourds à destination de la Grande Île.

Puisque nous évoquons le Brexit, l’inquiétude monte chez les « Anglais de Normandie » (comme les désigne assez drôlement La Manche Libre). Ouest-France s’interroge : combien d’entre eux vont-ils regagner les Îles britanniques ? Seront-ils nombreux à demander la double nationalité franco-britannique qui, pour ceux qui, installés dans nos bourgs depuis des années, ne tiennent pas à abandonner leur nouvelle vie en Normandie ?

Autre sujet de société : la nouvelle destination des bâtiments d’églises désacralisées. La presse, tant régionale que nationale, s’est fait l’écho des quatre églises de Rouen vendues par la municipalité à des particuliers qui comptent en faire, ici, une brasserie, là, un hôtel, plus loin, un lieu d’exposition. Tout vaut mieux qu’une destruction de ces monuments parties intégrantes de nos paysages.

Enfin, dans le domaine des médias, nous avons noté la vente de Paris-Normandie par son propriétaire, M. Louvel, qui brigue la mairie de Rouen, et les 75eanniversaires des journaux créés aux lendemains de la Libération : Ouest-France, La Manche Libre… Cela nous vaut des pages de rétrospectives tout à fait passionnantes…

 

LA MER, UN ESSENTIEL NORMANDE

 

C’est, là, un thème constant comme il est normal pour la première région maritime de France. Durant cette fin d’année 2019, l’actualité maritime (et fluviale) a toujours été foisonnante. Qu’on en juge :

  • Le Brexit inquiète le monde de la pêche.
  • Les pêcheurs normands ont en outre des sujets de mécontentement : les projets d’éoliennes off-shore, la présence de chalutiers-usines néerlandais en Baie de Seine (qui épuisent les stocks). Nombre d’Élus, parmi lesquels le député Gosselin, interpellent sans succès le Gouvernement à ce sujet.
  • On observe une raréfaction des bulots au large de Granville à cause du réchauffement climatique.
  • La présence normande au Salon nautique a été significative.
  • La déconstruction des navires de plaisance n’est pas à négliger, notamment au Havre et au Trait.
  • La société Algaïa, de Saint-Lô, se confirme comme une référence sur le marché des algues.
  • L’extension du port de plaisance de Barneville-Carteret suscite des oppositions chez certains défenseurs de l’environnement. À tort.
  • L’érosion du littoral se constate mois après mois. L’élévation du niveau des océans préoccupe certaines zones de polders de la côte ouest du Cotentin. Si menace il y a, il conviendrait de coordonner un plan de prévention dès maintenant. Les Hollandais sont des modèles à suivre en ce domaine.
  • Bien entendu, nos deux Grands Ports Maritimes sont toujours des moteurs de l’économie normande : où se tiendra le siège d’Haropa ? En Normandie, dit le Président Morin, au Havre, proclame M. Seguin, président des usagers de ce port, à Rouen, réplique M. Robert, Président de la Métropole Rouen – Normandie. Attention, le port de Paris-Gennevilliers se met sur les rangs. On attend la prise de position de Matignon car c’est le pouvoir central qui va décider (ce qui est une incongruité).
  • Brittany Ferries vient de racheter Condor, très présent sur les liaisons avec les Îles anglo-normandes.
  • Le géographe Arnaud Brennetot vient d’éditer un Atlas de la Vallée de la Seine, outil précieux sur cette véritable colonne vertébrale de la Normandie.

 

PEUT-ON PARLER DES MOBILITÉS EN CES TEMPS DE GRÈVE DES CHEMINS DE FER ?

 

La S.N.C.F., cette autre féodalité, n’a jamais été à la hauteur de sa mission en Normandie, depuis des décennies, mais la grève qui a commencé le 5 décembre et n’est pas prête de finir achève le tableau désolant d’un service public en pleine décrépitude : passons sur le désagrément subi par les navetteurs, toujours insatisfaits en temps normal à cause des retards récurrents sur les lignes Le Havre-Paris et Cherbourg-Paris. Ces jours-ci, c’est la galère… Quant au fret des ports, la part du fer n’était que de 5 % du tout. La grève réduit à néant ce mode de transport des marchandises.

L’actualité ferroviaire, cependant, reste dominée par la prise en mains par la Région du trafic des voyageurs. De nouveaux horaires, de nouvelles fréquences laissent augurer une amélioration (hors grève, bien entendu) du trafic. La Région y met le paquet, y compris l’achat de 27 nouvelles rames de chez Bombardier. Quelquefois, il y a de fortes discussions sur les horaires et la fermeture de certaines gares, mais rien n’étant encore figé, des ajustements plus judicieux peuvent entraîner l’adhésion des usagers.

La défaillance actuelle du ferroviaire entraîne une explosion du transport par cars (Cars Macron et du covoiturage : de nouvelles habitudes se prennent et la SNCF aura bien du mal à retrouver sa clientèle d’usagers après les mouvements sociaux.

 

Au plan routier, l’ouverture sur l’A 13 des échangeurs complets de Bourneville et de Toutainville constitue un progrès notable, bien que les travaux d’élargissement de cette autoroute rendent encore le trajet Paris – Caen perturbé et toujours trop coûteux avec des péages en hausse.

Le sénateur Hervé Maurey, qui a présidé une commission sur l’état des ponts en France, n’est pas trop pessimiste concernant la Normandie, même si, globalement, il préconise un véritable « Plan Marshall » pour les ponts de France.

En Normandie, on s’intéresse aux véhicules fonctionnant au gaz ou à l’hydrogène, mais la mode chez les constructeurs va aux véhicules électriques (une usine de batterie doit se construire dans la vallée de la Seine) : nul doute que les prochains mois verront se développer une concurrence entre ces modes de locomotion. La Normandie n’est pas mal placée pour les expérimentations en la matière.

Notons encore la prochaine mise en service d’un nouveau bac à Quillebeuf : elle est très attendue sur ces deux rives de l’estuaire.

Au plan aéroportuaire, l’alliance de Caen – Carpiquet et de Deauville – Normandie, plates-formes plus complémentaires que concurrentes, permet d’espérer une rentabilité de ces installations indispensables. Toujours en liaison avec le Brexit, un aérodrome secondaire comme celui de Granville réclame avec juste raison l’ouverture d’un poste de douanes puisque ce sont surtout des Britanniques qui l’empruntent. Il doit en être de même pour tous les autres aérodromes locaux.

 

Au plan des communications immatérielles, le département de la Manche se débat avec le réseau Manche numérique qui ne donne pas entière satisfaction.

Enfin, et ce sera certainement un thème de la campagne électorale des municipales, la place du vélo en ville va susciter de vifs débats et moult promesses des candidats.

 

LA NORMANDIE, RÉGION PRODUCTRICE D’ÉNERGIE

 

Le nucléaire reste le mode de production d’électricité déterminant en Normandie : ses trois centrales de Paluel, Penly et Flamanville fonctionnent normalement, mais vieillissent. À l’inverse, l’E.P.R. - à Flamanville aussi – n’est toujours pas connecté et ses déboires de construction défraient la chronique et augmentent une facture déjà salée. Néanmoins, le nucléaire est le mode de production énergétique qui permet de faire face aux difficultés d’approvisionnement électrique qui devraient culminer en 2022 – 2023.

 

On ferme la centrale à charbon du Havre : sera-t-elle convertie en un autre mode de production ? La question est posée.

 

L’éolien se développe. À terre, malgré des oppositions de plus en plus farouches : nombre de dossiers sont recalés à la suite de recours déposés par des riverains particulièrement réticents. Quant à l’éolien en mer, il est encore dans les limbes. Trois sites sont retenus. Un quatrième fait l’objet d’un débat public (du 15 novembre 2019 eu 15 mai 2020). On s’interroge encore sur la pertinence des éoliennes (cf. La Manche Libre du 2 novembre). Cela étant, l’éolien s’installe au plan industriel : Siemens – Gemesa, au Havre, crée une usine de fabrication (750 emplois à la clef).

 

Les autres énergies renouvelables s’imposent progressivement en suscitant moins d’oppositions

  • Unité de biogaz à Pirou, dans la Manche.
  • Centrales solaires à Mondeville et aux Terres Neuves à Vernon. On parle de faire du Havre la capitale du photovoltaïque.
  • Au Havre encore, Suez lance une centrale utilisant des déchets de bois.
  • Enfin, on trouve en Normandie neuf stations de recharge d’hydrogène (la plus récente à Pont-l’Evêque).

 

LA TERRE, UN DES FONDAMENTAUX NORMANDS

 

  • Si la mer est l’essence de la Normandie, la terre a toujours été un impératif du Normand pour sa faisance-valoir. C’est un secteur complexe où, à côté de la céréaliculture et de l’élevage bovin, on trouve d’autres spéculations, voire des niches qui montrent l’originalité et l’inventivité du monde rural.
  • L’agro-foresterie ne doit pas être négligée, ne serait-ce que pour les déchets de bois que nous évoquions plus haut. Cela se conçoit d’ailleurs avec la restauration des haies, dont l’utilité en matière paysagère, de rétention des eaux, de protection contre le vent, ne sont plus à démontrer, ni à négliger. Dans la même veine, les spécialistes observent, à cause du changement climatique, une évolution des forêts, dont les essences doivent s’adapter.
  • L’année 2019 sera considérée comme une bonne année pour la récolte des céréales (le Port de Rouen retrouve des couleurs !), mais les agriculteurs doivent prendre acte de la fermeture de l’usine à sucre de Cagny : les betteraves vont-elles disparaître des assolements ?
  • À l’inverse, la culture du lin connaît une période faste : la Normandie produit les 3/4 du lin français, qui est considéré comme le meilleur du monde.
  • L’élevage équin est une autre spécificité de la Normandie (par exemple, on compte 20 000 chevaux dans la Manche : le Conseil départemental aide la filière en y injectent 3 millions d’euros). Deauville revendique son titre de « capitale du cheval », mais Goustranville devient, à côté, un centre de recherche équin d’une importance européenne : la Région y investit beaucoup.
  • La firme Danone « a soif de lait bio normand » et elle produit des yaourts-bio. On relance dans le Pays d’Auge le porc de Bayeux, tandis que la filière du foie gras normand résiste au dénigrement des soi-disant défenseurs de la cause animale.
  • La Normandie, terre du cidre, du poiré de Domfront, de la bière artisanale (75 brasseries artisanales répertoriées), se lance dans les breuvages insolites : gin, vodka, whisky ; voire exotiques, thé kombucha, l’hibbissop (à base de fleurs d’hibiscus)… Busnel, à Cormeilles, propose le « Calvados arrangé » et la vigne et le vin réapparaissent (Les arpents du soleil, près de Saint-Pierre sur Dives et les vignes des coteaux d’Evreux ou de Saint-Martin de Boscherville).

 

LA DÉFENSE DE L’ENVIRONNEMENT, UNE PRÉOCCUPATION A LA MODE QUI MÉRITE MIEUX QUE LES POLÉMIQUES ET CONTESTATIONS QU’ELLE SUSCITE

 

Évidemment, ce n’est pas lorsque les conséquences environnementales de Lubrizol ne sont pas toutes évaluées qu’il faut minimiser la défense nécessaire de notre environnement. C’est même devenu un thème majeur de la vie politique. Il n’était que temps : l’écolo-gauchisme a souvent pris à rebrousse-poil une opinion publique pourtant acquise presque naturellement à cette défense…

Dans ce contexte, nous apprécions par exemple qu’une députée de Normandie, Stéphanie Kerbarh, préside une commission de l’Assemblée nationale concernant la lutte contre le gaspillage des matières premières… Un sujet, justement, qui doit se poser : pour le Grand Paris, on pille littéralement les réserves sableuses de la Vallée de la Seine (et on comble en revanche les ballastières avec les déchets extraits du sous-sol de la région parisienne).

Ici et là, on procède – trop lentement peut-être – à l’extension des espaces naturels et le Conservatoire du littoral sanctuarise autant que faire se peut certaines zones côtières encore non-urbanisées. On replante les haies (nous l’avons évoqué plus haut). On arase des barrages inutiles sur certains cours d’eau et on renature certaines rivières qui retrouvent leur lit ancien. Cela ne justifie pas pour autant la destruction des barrages du Sud-Manche qui, eux, avaient une vocation de régulation de la Sélune et produisaient de l’électricité hydraulique tout en constituant une importante réserve d’eau douce dans cette partie de la France de l’ouest…

Défendre l’environnement, c’est aussi prendre conscience de certains déchets comme le plastique qui pollue les mers et nos rivières, ou, encore, limiter la consommation des emballages et du papier. La Normandie en « produit » 237 000 tonnes, soit 20,9 kg/hab/an. C’est plus que la moyenne nationale.

Mais cette défense a ses limites : on veut interdire l’élevage traditionnel des moutons de prés-salés parce qu’ils polluent les grèves, limiter l’élevage bovin parce qu’ils produisent du méthane. Le véganisme devient totalitaire, voire terroriste.

Nous préférons de loin une initiative de la Région qui entend lutter contre l’usage du glyphosate en aidant les agriculteurs à trouver les méthodes pour s’en passer.

 

L’ÉVOLUTION ADMINISTRATIVE DES TERRITOIRES ET LEUR AMÉNAGEMENT

 

La Normandie s’est particulièrement distinguée dans la fusion des communes et, même, dans le mariage des communautés de communes. Certes, tout n’a pas été réussi et cela grince ça et là : Troarn et Sannerville divorcent. Paris-Normandie (7 octobre) a dressé un bilan sa demi-teinte des fusions communales, malheureusement pour les seuls départements de l’Eure et de la Seine-Maritime. Prenons un exemple : la fusion de Caudebec en Caux, de Saint-Wandrille et de Villequier dans un ensemble désigné sous le vocable bizarre de Rives – en Seine a été contestée à telle enseigne que la cour administrative a suggéré une défusion. Le Préfet de la Seine Maritime a finalement pris un autre arrêté et Rives-en-Seine existe bel et bien.

Peut-on s’étonner de ces contestations ? Non : les trois communes précitées étaient toutes connues, notamment au plan historique et touristique alors que Rives-en-Seine ne signifie rien. Une des raisons des querelles autour des fusions, c’est la perte de personnalité des entités antérieures. Les habitants sont très attachés à leur identité communale : il eût fallu que l’on réfléchît davantage à cet aspect du problème et qu’on n’inventât point des noms de communes nouvelles dénués de sens…

 

L’Axe Seine croit-il se faire apprécier de ses habitants par une série de projets subalternes et dérisoires qui masquent en fait la vacuité d’un véritable projet de développement qui ne soit pas le cache-sexe de l’impérialisme parisien ? La vraie question – préalable –, c’est de savoir qui, de la Région normande (pour la partie normande de l’Axe Seine) ou de Matignon, doit piloter le devenir de la Vallée de la Seine…

 

On apprend que la Métropole de Rouen – Normandie a été distinguée et a reçu le Grand prix de l’aménagement et du cadre de vie pour son nouveau quartier des musées et son projet de reconquête des quais de Seine… mais elle s’est fait épingler par la Chambre régionale des Comptes pour son inaction face au réchauffement climatique :

« La Métropole a longtemps connu un retard que rien ne justifiait. L’adoption récente d’un plan climat métropolitain est venue corriger cette anomalie mais le contenu de nombreuses actions manque de précision et leur financement est parfois absent »…

On devine que les prochaines joutes électorales seront mouvementées…

La lecture des journaux nous apprend que les Français sont très attachés à leur région… qu’ils sont favorables à un droit à la différenciation et à l’expérimentation… mais le Premier ministre, à Bordeaux, devant les maires, a douché froidement les Élus : l’État entend garder la main sur tout !

Il a été susurré dans la presse (parisienne surtout) que les Régions avaient une gestion dispendieuse : les Présidents de Région, Hervé Morin en tête, ont remis les pendules à l’heure dans une Tribune libre très commentée, parue dans Le Figaro (25 septembre)… C’est l’État qui accumule les déficits et les Régions, soumises au contrôle des Chambres régionales des Comptes, « n’ont pas démérité ».

Enfin – et cela a suscité de vives critiques – la Normandie a été « oubliée » dans le redéploiement des fonctionnaires, seule Région dans le nord de la France à être victime de ce véritable ostracisme.

 

LE CONSEIL RÉGIONAL AUX AVANT-POSTES

 

Sur tous les fronts la collectivité régionale intervient et cet activisme porte ses fruits :

  • Le Président Morin et Yvon Robert, président de la métropole de Rouen – Normandie, ont envoyé une lettre conjointe à Emmanuel Macron, Président de la République, pour réclamer un geste fort en faveur de la Normandie, notamment en faisant accélérer les travaux pour l’amélioration de la ligne ferroviaire Paris – Le Havre et la réalisation de la nouvelle gare de Rouen – Rive-Gauche.
  • Hervé Morin et des chefs d’entreprise sont allés au Maroc afin de développer les coopérations et les échanges avec ce pays du Maghreb.
  • La Région a acheté 27 trains de plus et met plus d’autocars sur les routes. Elle a adopté un Plan glyphosate réaliste et ambitieux. Elle soutient la réalisation d’une usine de batteries électriques pour automobiles. Elle encourage les races normandes (volailles, porcs, équidés, abeilles noires etc.)
  • 1 103 entreprises ont été aidées par la Région grâce au dispositif ARME. 14 lauréats ont été récompensés pour leur engagement dans l’économie circulaire. Le 5000« ambassadeurs » de la Région a été intronisé : tous contribueront à l’attractivité de la Normandie
  • Hervé Morin est allé à New York pour rameuter des personnalités de l’O.NU. Pour son troisième Forum pour la Paix, en juin prochain.
  • Etc.

Cet interventionnisme tous azimuts est finalement très apprécié.

M. Beauvais, l’ancien Président socialiste de l’ex Basse-Normandie, reconnaît que la réunification de la Normandie a été positive.

C’est sur cette note optimiste que nous achevons cette chronique – incomplète, ô combien ! - d’un trimestre de vie normande.

 

La Mailleraye sur Seine, le 15 janvier 2020


Guillaume LENOIR

avec l’aide de Geneviève FLAMENT, Thierry LANGLOIS,

Edwige LE FORESTIER et Emma DAVESNE

 

OFFICE DE DOCUMENTATION ET D’INFORMATION DE NORMANDIE

87, rue de la République

76940 La Mailleraye sur Seine

Commune nouvelle d’Arelaune en Seine


La Rédaction