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Un potentat s''esbigne…

Vendredi 20 Septembre 2013



Quelles que personnelles, voire intimes, que soient les motivations (tocade ?, fuite ?) de la démission inopinée de tous ses mandats électifs d’Alain Le Vern, président de la demi-région de haute Normandie, le Mouvement Normand n’entend pas commenter l’anecdote en elle-même, mais pense que les militants normands auront accueilli la nouvelle avec une certaine satisfaction.
La page personnelle de ce personnage paraît donc tournée : l’heure des bilans et des mises en perspective commence. Remarquons d’ailleurs que cette dérobade impromptue exonère Alain Le Vern de devoir rendre compte, devant les électeurs, à la veille des élections régionales de 2015, de sa longue gestion à la tête de l’exécutif régional, de 1999 à 2013.
 
C’est la raison pour laquelle nous allons essayer de tirer rapidement ce bilan que, par bien des cotés, nous estimons calamiteux, mais, auparavant, il convient de porter un jugement sur le caractère et la pratique démocratique d’un personnage se voulant souvent donneur de leçons.
 
Alain Le Vern a souvent excipé de ses origines bretonnes (que le Mouvement Normand ne lui a jamais reprochées, soit dit en passant) pour expliquer son caractère rugueux, litote pour masquer un comportement fondamentalement désagréable et se traduisant au plan politique par un autocratisme de plus en plus insupportable. Il méprisait toute opposition, toute réticence devant ses méthodes expéditives et le ton péremptoire qu’il croyait devoir employer. Les débats au Conseil Régional étaient réduits à leur plus simple expression, avec limitation du temps d’intervention des orateurs, y compris de sa propre majorité. Radicaux de gauche, écologistes, communistes ne furent pas les derniers à dénoncer ces méthodes de potentat, l’opposition de droite ayant été décrétée « nulle par essence » depuis le début.
 
Ce témoignage d’égo hypertrophié nous aurait laissé de marbre si cela n’avait, finalement, perturbé, voire annihilé, certaines initiatives du Président Le Vern, que le Mouvement Normand était parmi les premiers à approuver :
  • Le choix de l’aéroport de Deauville-Saint-Gatien comme aéroport régional (Deauville – Normandie) est son œuvre : pourquoi fallut-il qu’à la première difficulté le ton cassant d’Alain Le Vern fît regimber les partisans des autres aéroports ?
  • Peu après l’Acte II de la Décentralisation se sont instaurées entre la haute et la basse Normandie des coopérations interrégionales renforcées qui eussent pu être l’ébauche de convergences fusionnelles, prélude à la réunification de la Normandie. L’attitude méprisante de Le Vern à l’égard de son homologue bas-normand, pourtant de la même écurie politique, a été le symbole d’un torpillage programmé de l’opération. Alain Le Vern tenait à son fief et et n’entendait pas partager…
  • Quand l’hypothèse de l’Axe Seine Paris – Normandie a mobilisé largement l’opinion des responsables et dirigeants normands, Alain Le Vern a tout fait pour freiner des quatre fers (l’idée venait de Sarkozy et Antoine Rufenacht était le Commissaire en charge du projet : raisons dirimantes pour dénigrer un homme et une ambition. On a perdu deux ans à cause de ce sectarisme).
  • Mais le torpillage le plus significatif à mettre au passif d’Alain Le Vern reste l’affaire de la Ligne NOUVELLE (c’est nous qui soulignons) Paris – Normandie. On en mesure tous les jours les conséquences avec l’adoption d’un projet dénaturé qui ne résoudra en rien l’absurdité de la déshérence ferroviaire de la Normandie.
 
Pour le reste, que peut-on dire de la gestion de la pseudo-mini-région haute Normandie
Dont se glorifie tant Alain Le Vern ?
 
La dette a été jugulée, c’est vrai, et la Région a su conserver des marges pour pouvoir agir, mais une absence quasi complète de perspectives, d’ambitions à long terme a fait qualifier la gestion Le Vern de « plan – plan » (dixit Bruno Lemaire) et, durant les quinze années du proconsulat Le Vern, le nombre des chômeurs a cru de façon dramatique en haute Normandie, la destruction des emplois industriels reste continue, l’avenir est sombre.
 
Refusant de façon rabique l’hypothèse de la réunification de la Normandie, niant contre l’évidence l’idée d’identité normande (l’année du XIè centenaire de la Normandie qu’il a tout fait pour torpiller lui a pourtant apporté un éclatant démenti), Alain Le Vern a finalement été nuisible pour la Normandie : son départ sans gloire et, répétons-le, étrange, est finalement une bonne nouvelle. Nous ne regretterons pas ce personnage.
 
Nous souhaitons que son successeur, quel qu’il soit, refuse l’héritage des préjugés et du sectarisme d’Alain Le Vern et aborde, sans tabous, avec toutes les forces vives de la région normande les problèmes soulevés ou non par le fuligineux Acte III de la Décentralisation, notamment en matière de coopérations ou de fusions régionales, de la place des métropoles dans le cadre des régions, d’actions culturelles régionales tendant à conforter l’identité normande.
Le Mouvement Normand est prêt à ouvrir un dialogue constructif : quinze ans d’autocratisme, cela suffit !
 
Didier PATTE, président du Mouvement Normand

La Rédaction