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Quand l'État refile l'ardoise aux élus locaux

Mercredi 30 Octobre 2019

​Communiqué du Réseau citoyen du Cercle Normand de l'Opinion



Il y a beaucoup à dire sur la décision gouvernementale de passer de 90 km/h sur les routes secondaires à 80 ; plus encore peut-être sur la latitude laissée à l’appréciation des présidents de conseils départementaux de revenir éventuellement sur cette disposition.
  1. Comme toujours en France, ces décisions sont prises d’en haut, sans véritable concertation, uniformément et en tous lieux, sans souci d’une appréciation préalable et motivée du contexte général.
  2. Les justifications – il y en a de solides – ne sont pas toujours vérifiées dans les faits. Quelques exemples :
  • Le nombre de tués et blessés sur les routes (contre lequel il faut tout faire pour qu’il baisse) est plutôt en régression si l’on tient compte de l’augmentation des usagers de la route. C’est encore trop. Mais il convient aussi de montrer qu’une part de ces accidents touchent les cycles et motocycles et, maintenant, trottinettes, ensuite qu’ils ont lieu en ville… Ce n’est donc pas à la vitesse sur route qu’il faut tout imputer…
  • Nombre d’accidents proviennent de déviances (consommation d’alcool, de drogues, utilisation des téléphones portables, etc.) et relèvent plus du comportemental que de la vitesse.
  • Enfin, peut-on faire abstraction de l’état du réseau routier ?
Les statistiques viennent de tomber : la France qui s’enorgueillissait de posséder le meilleur réseau routier d’Europe il y a plusieurs décennies se retrouve aujourd’hui au 18e rang. C’est accablant.

Le manque d’entretien des routes incombe à l’État et aux collectivités locales, le premier s’étant souvent déchargé sur les secondes de la maintenance (déclassement des routes nationales) et il n’y a pas que les routes : le problème des ponts se pose, en Normandie comme ailleurs (cf. rapport du Sénat, observations du sénateur Hervé Maurey). Mais les Élus ont-ils suffisamment considéré comme prioritaires les nécessités d’un bon entretien des routes pour le désenclavement des territoires qu’elles irriguent ? Les collectivités locales n’ont plus les moyens suffisants, accaparés qu’elles sont par les dépenses sociales…
En permettant aujourd’hui d’éventuels retours au 90 km/h sur certaines routes, l’État, en fait, se déresponsabilise : ce seront les exécutifs départementaux, plus encore peut-être les responsables techniques, qui seront attaqués en justice en cas d’accidents liés à la vitesse, car, on le néglige trop souvent (sauf l’État) : l’époque est à la judiciarisation des aléas de la vie quotidienne. Par cette manœuvre (imposer une nouvelle limitation de vitesse, puis revenir partiellement sur la mesure), l’État cible les Élus qui auront à en répondre. On comprend dès lors les hésitations à faire marche arrière !

La situation en Normandie est diverse : l’Orne revient au 90 km/h, la Manche et la Seine-Maritime s’y refusent. Ce manque de cohérence départementale peut être préjudiciable : ne vaudrait-il pas mieux que toutes les collectivités se rassemblassent sous l’égide de la Région pour élaborer un PLAN ROUTIER NORMAND qui mette la Normandie au niveau d’exigence des mobilités du XXIe siècle. Ces histoires de limitations de vitesse, pour perturbantes qu’elles soient, ne doivent pas masquer l’essentiel, à savoir que la Normandie a un besoin urgent de réseaux ferroviaire et routier performants. Il y va de son avenir.

Le Havre, 30 octobre 2019
C.N.O.
 


La Rédaction