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Normands, Picards : défendons de concert l''intégrité, l''identité et les vocations spécifiques de la Normandie (communiqué vidéo)

Lundi 19 Mai 2014



Dans une série de communiqués et d’éditoriaux qui vont se succéder, le Mouvement Normand va aborder la question des relations entre la Normandie et les régions qui l’entourent. Cela s’inscrit, bien évidemment, dans le cadre du projet de fusion des régions lancé par le gouvernement. Nous verrons successivement les relations avec la Picardie, avec la région Centre, avec la région des Pays de la Loire, avec la Bretagne et, enfin, avec l’Ile-de-France.
Nous partons du truisme : la Normandie n’est pas une île. C’est une région ouverte : sur la mer, d’abord, c’est sa vocation première, sur le Bassin Parisien, ensuite, et, au-delà, vers toute l’Europe occidentale. C’est une région de passage, ne serait-ce que par l’artère vitale de l’Axe Seine, mais pas seulement. Loin de nous toute conception nombrilesque d’un avenir autocentré de la Normandie. La Normandie est terre de France et entend le demeurer.
Cela dit – et ce sera valable pour la série des communiqués qui vont suivre – nous n’entendons pas confondre « coopérations interrégionales » et « convergences fusionnelles », comme le font certains esprits irresponsables ou, plus sordidement, ambitieux, qui voudraient constituer de grands ensembles territoriaux, très technocratiques, totalement insoucieux du respect de l’identité, du sentiment d’appartenance, de l’héritage historique auxquels les populations demeurent attachées.
L’annonce – sans consultation préalable des instances régionales – par Nicolas Mayer – Rossignol, président du Conseil régional de haute Normandie, d’une éventuelle fusion entre la Normandie et la Picardie pour constituer une « région littorale du Nord – Ouest »,  est une diversion pour refuser le tête-à-tête entre la haute et la basse Normandie, d’autant plus qu’à l’arrogance de la proposition son auteur ajoute le mensonge délibéré. En effet, prétendre qu’il y a plus d’affinités entre la haute Normandie et la Picardie qu’entre la haute et la basse Normandie est une contrevérité scandaleuse remettant en cause toutes les institutions communes aux deux demi-régions normandes.
Faut-il, une nouvelle fois, les énumérer ?
  • Une seule Chambre régionale d’Agriculture
  • Un seul Comité régional du Tourisme
  • Un unique Etablissement public foncier de Normandie
  • Un Bassin laitier de Normandie bien individualisé
  • Une Chambre régionale des Comptes de Normandie
  • Normandie – Université, regroupant les trois universités de Caen, Rouen et Le Havre
  • Une Caisse d’Epargne de Normandie
  • Une CARSAT unique
  • Bientôt une seule Chambre régionale de Commerce et d’Industrie
  • De nombreuses associations culturelles, corporatives, syndicales et sportives de Normandie organisées à l’échelle des cinq départements normands
  • … Sans oublier la Province Ecclésiastique de Rouen regroupant autour de l’archevêché de Rouen les six évêchés suffragants du Havre, de Bayeux-Lisieux, d’Evreux, de Sées et de Coutances-Avranches…
Il y en a d’autres et, à cela, il faut ajouter les coopérations inter-normandes qui vont s’amplifiant avant de devenir fusionnelles : l’aéroport Deauville – Normandie, la coopération Air Normand, les festivals « Normandie Impressionniste » et tous les projets tournant autour des ports ou la réalisation de la Ligne Nouvelle Paris – Normandie (L .N.P.N.).
Alors, loin des élucubrations rossignolesques, voyons plutôt les différences qui existent entre une éventuelle fusion normande et le devenir de la Picardie. Car le problème n’est pas de même nature entre une (ré)unification, d’une part, et un risque d’éclatement, d’autre part.

Pour fusionner les deux demi-régions normandes, il n’y a aucune remise en cause de régions existantes (comme Pays de la Loire si la Loire-Atlantique retourne à la Bretagne) : disons-le clairement, l’hypothèse d’une fusion de régions telle que la souhaite le Gouvernement est simple, voire même exemplaire avec la Normandie. A l’inverse, il apparaît que de mauvaises fées remettent en cause l’existence même de la Picardie.
Depuis les travaux de la Commission Balladur – qui n’était d’ailleurs pas catégorique en la matière -, certains n’arrêtent pas de désarticuler la Picardie : on mettrait bien le département de l’Aisne avec la région Champagne – Ardenne, l’Ile-de-France récupèrerait l’Oise et la Somme se retrouverait avec le Nord-Pas-de-Calais… Et l’on s’étonnera après que des citoyens picards aient fondé un collectif « Touche pas à ma Picardie » ! (Voir le numéro 5 du nouveau journal Le Un – dossier : « faut-li vraiment redessiner la France » - 7 mai 2014 : l’hypothèse de la France en neuf régions)… Il y a aussi, dans la perspective de la France à douze régions, le rattachement de la Picardie à la région Nord – Pas-de-Calais : dans ce cas, la Picardie ne serait pas démembrée. Reste à savoir comment la Picardie garderait sa personnalité dans cet ensemble relativement cohérent…

En tant que régionalistes normands, nous sommes sensibles à la détresse de nos voisins picards et nous les soutiendrons dans leur volonté de garder l’intégrité, l’identité et la personnalité de la Picardie.
Lorsque, nous, Normands, refusons une pseudo-fusion technocratique entre la Normandie et la Normandie, il n’y a nul mépris de notre part pour nos voisins. Bien au contraire.
Nous avons des souvenirs historiques communs. Guillaume – la Telle du Conquest nous le rappelle – exerçait une certaine tutelle sur le Ponthieu et le Vimeu. Il partit à la conquête de l’Angleterre de Saint – Valery sur Somme… Autre souvenir, douloureux celui-là, le meurtre de son aïeul, Guillaume Longue Epée, à Picquigny. Et, plus tragique que tout, les hécatombes des régiments normands, durant les deux guerres mondiales, sur la Somme, le Chemin des Dames ou les combats autour d’Abbeville en 1940. La Picardie, terre des cathédrales, peut nous en remontrer avec son art gothique maîtrisé.
La côte picarde, la baie de Somme sont des lieux touristiques appréciés des Normands.

Nous avons aussi des dossiers en commun à faire avancer :
  • La protection du littoral normanno-picard
  • L’industrie du verre et du flaconnage de la vallée de la Bresle
  • Le maintien et la promotion de la voie ferrée Paris – Le Tréport
  • Le Canal Seine – Nord – Europe
  • L’exportation des céréales produits en Picardie par les ports de la Basse-Seine
  • L’exploitation du champ d’éoliennes off-shore au large du Tréport
  • L’accessibilité améliorée de l’aéroport de Beauvais par la R.N.31
  • La complémentarité recherchée des CHU de Caen, Rouen, Amiens (et même Lille), notamment dans la lutte contre le cancer
  • Etc.
Les sujets ne manquent pas pour développer des coopérations interrégionales prometteuses entre la Normandie et la Picardie, mais nous ne voyons pas en quoi une fusion entre ces deux entités clairement identifiées gagnerait dans un ensemble distendu (du Mont-Saint-Michel à la frontière belge !) et incohérent pazr perte des identités et des particularismes. La fusion, en ce cas, aboutirait à la confusion.
Argument paradoxal, mais instructif : alors qu’il existe, hélas, une compétition entre les villes normandes, il n’y en a aucune entre Rouen et Amiens : ces villes ne rongent pas le même os !...
Au fond, tout cela nous amène à réfléchir sur la notion même de région.

Une région, ce n’est pas un espace incohérent, déterminé (au mieux) par des intérêts économiques communs, par essence changeants, partiels et qui, dans le meilleur des cas, transcendent les frontières administratives. Les régions doivent avoir une âme, résultante d’un long passé et d’une identité forgée au long des siècles. Elles se définissent aussi par des vocations particulières. Alors que la Normandie, fille de la mer et du fleuve, a une vocation maritime primordiale, ce n’est pas faire injure à la Picardie, malgré la beauté de la côte picarde, que de dire que sa vocation est plus terrienne et se situe dans son rôle premier de zone de transition et de passage entre Paris et Lille, de direction nord – sud.

Quoi qu’il arrive, il importe que la Picardie garde son intégrité et son identité, tout comme la vraie Normandie doit promouvoir les siennes par la réunification des deux parties absurdement séparées depuis 1956. Sans consultation des populations, faut-il le rappeler ?
 
Didier PATTE

La Rédaction