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Le naufrage d'une féodalité

Dimanche 26 Avril 2020

​Communiqué du Réseau citoyen du Cercle Normand de l'Opinion



Histoire édifiante : une femme de 71 ans ne peut plus retirer son argent du bureau de poste car il est fermé. Affamée, elle est obligée de voler du pain… et se dénonce aux gendarmes. Elle n’est poursuivie. L’eut-elle été, qu’un bon avocat aurait plaidé « l’état de nécessité »… Ce fait divers, qui n’est pas un nouveau chapitre des Misérables de Victor Hugo, mais un simple écho paru dans La Manche Libre, est survenu à Périers, le 21 mars 2020. Il illustre dramatiquement la faillite d’un service public, la Poste, qui, sans concertation avec les usagers (qui la financent tout de même) décide de fermer ses bureaux ou de réduire les jours de distribution du courrier.

La crise du coronavirus a bon dos. La presse, normande et nationale, dénonce les manquements de cet Établissement Public industriel et commercial (E.P.I.C.) :

  • « Le facteur ne sonnera que quatre fois par semaine » (Paris-Normandie, 4 avril).
  • « Plus de courrier dans les boîtes à lettres de Villerville » (Ouest-France, 9 avril).
  • « Poste vacante et boîtes restantes » (Paris-Normandie, 18 avril).
  • « La Poste de Lisieux mise en demeure » (Ouest-France, 19 avril).
  • « La Poste à la traîne » (Liberté – Dimanche, 19 avril).
  • « Le Centre de tri postal débordé par les colis » (Ouest-France, 23 avril).

Tels sont quelques titres relevés ces derniers jours, mais les carences sont beaucoup plus anciennes : l’hebdo Marianne ne titrait-il pas le 14 février dernier « Courrier en rade. Le naufrage de la Poste » ?

Avec une outrecuidance sidérante, la Poste fait sa pub sur une page entière dans Aujourd’hui - dimanche (26 avril) :

« Garder le lien avec vous. C’est notre mission depuis toujours. Faciliter les échanges, unifier les territoires, n’oublier personne… etc. »

N’en jetez plus. La Poste sous la férule de son PDG, Philippe Wahl, qui parade avec suffisance à la radio, prend les gens pour des gogos à qui on peut tout faire avaler.

Sa mission ? Parlons-en ! En cette période de confinement durant laquelle justement elle devrait se multiplier, elle décide, d’abord, de ne plus distribuer aucun colis, ensuite, de réduire les jours de distribution du courrier à 3 jours, de fermer encore plus de bureaux de poste qu’avant la crise (car la fermeture des bureaux, surtout en rural, ne date pas d’hier). Quant à la distribution des journaux aux abonnés, elle est devenue erratique à telle enseigne que notre E.P.I.C. a été contraint de s’engager auprès des Syndicats de la Presse quotidienne et régionale pour distribuer les journaux 5 jours par semaine (14 avril)… Ce que la Poste ne fait pas depuis !

Oui, COVID 19 a bon dos : on ne pratique pas le culte des héros dans la corporation postière comme le font les personnels soignants, les routiers, les caissières de grandes surfaces. Les procédés de la Poste sont obliques, voire pervers : pour mieux faire accepter aux usagers les restrictions de distribution le samedi et le lundi, la Poste décide de réduire à 3 jours consécutifs la distribution et devant les protestations, elle passe à 4 jours : soulagement de la clientèle… mais quid des samedis et des lundis ?

La Poste se conduit en escroc : malgré une augmentation disproportionnée des timbres tous les ans, le courrier dit prioritaire n’est pas acheminé à J +1 ou J +2, la lettre verte n’est guère mieux traitée que l’écopli. Quant aux lettres de plus de 20 g, même dûment affranchies, elles arrivent très souvent avec des retards considérables… La mission première de la Poste – qui n’est certes pas la plus rentable –, c’est la distribution du courrier. Elle est mal assumée par cette féodalité.
Avant-guerre, Georges Mandel, ministre des Postes, avait révoqué le directeur général des PTT qui n’avait pas été capable de donner le nombre des agents qu’il avait sous ses ordres…

Yvetot, le 26 avril 2020
C.N.O.



La Rédaction