D’emblée, reconnaissons que la notion de gratuité de biens et de services heurte un vieux fond de mentalité normande pour laquelle « un sou est un sou », « ce qui est gratuit ne vaut rien », « toute peine mérite salaire », etc. Pourtant, sans s’en rendre vraiment compte, la société actuelle accepte les larges subventions sur le ticket de métro parisien, le prix du billet SNCF et, plus près, la gratuité des bacs de Seine… N’échappant d’ailleurs pas à la contradiction, la même société apprécie de moins en moins la notion de péages sur les autoroutes, les ponts (peut-être parce que, depuis la privation des autoroutes, ce sont des consortiums privés qui empochent…). On apprend, d’autre part, que des régions, comme la Bretagne, ne recourent pas aux péages et que des villes importantes (Dunkerque, Châteauroux) expérimentent la gratuité des transports publics urbains.
Lister les avantages d’une gratuité des transports urbains à l’issue d’une réflexion approfondie en surprendra beaucoup. Le lieu n’est pas de les énumérer (une longue réflexion commence…), mais, dans le même temps, il faut mettre en balance le coût de l’opération. Faire la balance entre avantages et coûts demande une évaluation fine et, si possible, dénuée de tout a priori plus ou moins démagogique. L’autre aspect de la question – sans doute le plus sujet à âpres discussions – est de savoir qui va financer les différents organismes de transports urbains.
En tout cas, et, là, est notre position : il faut préalablement ou concomitamment « préparer la ville » à une éventuelle gratuité. Par exemple, si la politique des mobilités tend à restreindre drastiquement la circulation automobile privée, il faut que la fréquence des transports en commun soit rendue élevée dans les mêmes proportions que les restrictions et que soient développés tous les modes de circulation doux ou alternatifs.
Le sujet est vaste : il faut l’aborder.
Arelaune-en-Seine, le 21 octobre 2019
C.N.O.