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Discours d'Hervé Morin, Président de la Région Normandie

Mardi 1 Septembre 2020

10e Fête de la Pomme 2020
Epreville-en-Lieuvin




Discours d’Hervé MORIN
« Fête de la Pomme »
Épreville en Lieuvin
Dimanche 30 août 2020
 
(seul le prononcé fait foi)
 
Mesdames et messieurs,
 
Je ne vais pas saluer à nouveau tous les parlementaires qui sont ici nombreux, je ne vais pas saluer toutes celles et tous ceux qui devraient l'être. Donc pardonnez-moi de ne pas le faire. Je veux redire à nouveau à Gérard Larcher ma gratitude de sa présence. J'aime beaucoup Gérard Larcher, c'est un homme formidable et, j'allais dire, il connaît la France. Il connaît les Français. Il a beau être le deuxième personnage de l'Etat, il sait ce qu'est la réalité de la vie de nos compatriotes, des territoires, des élus qui en ont la charge. Donc Gérard, merci pour ta clairvoyance, merci pour ton énergie et merci aussi pour ta sympathie parce qu’elle est permanente.

Merci à mon amie Valérie Pécresse pour sa présence. J'étais hier à Mennecy, il faisait meilleur et il y avait un peu plus de monde aussi mais l'Ile de France est plus grande que la Normandie. Mais ce que je retiens c'est qu'entre hier où il devait y avoir à peu près 2000 personnes et les 850 personnes qui sont présentes ce matin, ce que je constate c'est qu'il y a beaucoup de nos compatriotes qui souhaitent un autre discours politique et que la France ne soit pas livrée à l’idée que la seule alternative au gouvernement soit les extrêmes et en particulier le Rassemblement National. On doit donc être en capacité de porter une alternative nouvelle, ce débat-là viendra après les régionales mais ce que je sais c'est que nous aurons besoin de tout le monde. Et parmi celles dont nous aurons besoin il y aura nécessairement Valérie Pécresse, compte tenu du rôle et de l'influence qui est la sienne dans la vie politique nationale. 
 
Merci aussi pour la petite chose qu'on a en commun au-delà de la Seine qui est une énorme chose, ce sont les ennuis quotidiens du train et donc si tu pouvais nous dégager quelques sillons pour nous permettre de passer plus facilement sur l'Ile de France et arriver à la gare Saint-Lazare, n'hésite pas. Parce que franchement c'est le cauchemar chez nous et ce n'est pas terrible chez toi non plus. Mais je crois que le sujet est à peu près le même : le sous-investissement massif dont nous sommes en quelque sorte victimes depuis des décennies, la France n’ayant investi que sur le TGV et ayant abandonné le reste de son réseau ferroviaire. 
Par ailleurs, en effet, il y a la crise sanitaire, on en a parlé, et il y a la crise économique. Je remercie Jean-Marc Roué de sa présence pour nous parler du transport maritime. Ton seul défaut, c'est que tu sois breton mais sinon tu es parfait comme patron de la Brittany Ferries. Nous nous disions avec Gérard Larcher que c’est incroyable ce que le monde paysan recèle d’hommes et de femmes d'une qualité exceptionnelle et que tu diriges cette maison avec un talent et une énergie également exceptionnels. 
Jean-Marc Roué a donc évoqué les questions liées à la crise économique. Je vous rappelle que Brittany Ferries est le premier employeur de marins sous pavillon national, ce n'est pas rien. On a pu mesurer à quel point les potentiels en matière économique en Normandie, dont Jeanne Lemoine nous a parlé, sont grands mais il y a aussi des secteurs qui vont terriblement souffrir comme celui de l’aéronautique. 
Et puis il y aura bien sûr derrière les conséquences sociales qui seront très fortes, des conséquences aussi pour nos jeunes diplômés qui avaient un avenir professionnel il y a six mois et qui pour la rentrée prochaine s'interrogent sur leur capacité à trouver un emploi. 
 
J'en profite pour vous dire que nous allons lancer une initiative avec Sophie Gaugain et David Margueritte dans quelques jours qui consistera à proposer après avoir consulté à la fois les chefs d'entreprise mais aussi les présidents d'université et les grandes écoles, le financement par la Région de 2 000 stages rémunérés avec une participation, y compris sur la mobilité à destination des jeunes diplômés pour qui la difficulté de trouver un emploi sera certaine dans quelques semaines. Je discutais avec le patron d'une grande école d'ingénieurs de Rouen lorsqu’on a travaillé sur ce sujet qui me disait que 100% des jeunes issus de son école trouvait habituellement du travail dès le mois de juillet. Nous sommes en septembre et aujourd’hui, ils sont moins de 40%.

Au-delà de la crise économique, sociale et sanitaire, c'est vrai qu'il y a un vrai sujet dont on parle tous les jours, où les Français se posent cette question :
« mais où va-t-on, jusqu'où va aller le délitement de l'Etat, jusqu'où va-t-on constater que la République se fissure un peu plus chaque jour, où on constate que l'autorité républicaine est bafouée sans qu'il n'y ait aucune réaction ? »
Je suis tous les jours interpellé sur ces sujets. C'est un grand sentiment d'inquiétude parce que c'est quasiment de notre existence-même dont on est en train de parler quand on évoque ces sujets-là. 
Nous sommes au fond face à une espèce de lâcheté incroyable. En vérité nous sommes lâches mesdames et messieurs ! Nous sommes lâches parce que nous sommes trop arrangeants sur des principes absolument fondamentaux. Valérie a évoqué l'école. Je soulignerai pour ma part le respect des principes fondamentaux autour de la laïcité. Nous sommes également trop arrangeants dans nos services publics, dans nos piscines, dans nos écoles. Nous sommes trop arrangeants mesdames et messieurs aussi avec ces personnes qui cultivent le communautarisme avec ses conséquences dramatiques sur la cohésion de la société française. Nous sommes trop arrangeants sur les questions de sécurité. 
Ce sont certes des questions compliquées. Mais ce sont des questions dont on parle depuis des années sans s’y attaquer. Ainsi, s’agissant des dysfonctionnements de la chaîne pénale, mes amis du syndicat Alliance m’indiquaient que sur les 151 gardés à vues suite aux événements autour du PSG, seulement 30 ont fait l’objet d’une réponse pénale. Il y a donc eu plus de 100 personnes à qui l’on a indiqué qu’il ne se passerait rien. 
Derrière cela, il y a le sentiment chez nos compatriotes qu’il y a deux poids deux mesures. Par exemple, ceux qui commettent et sont condamnés pour des excès de vitesse ou ceux, notamment les élus, ceux-là même qui servent en permanence la République, qui comme me le racontait le Maire de St Pierre lès Cormeilles, sont constamment sous la menace de la loi et s’exposent à un risque pénal. Pour tous ceux-là, pour nos compatriotes, il est nécessaire que tout le monde soit traité à la même enseigne.
Emmanuel Macron avait annoncé le doublement des centres éducatifs fermés. Demandez à Mme Belloubet combien elle en a créé durant ces trois ans. 0 et donc on a l'obligation de repenser la totalité de cette chaîne, de ceux qui s'occupent de la prévention jusqu'à ceux qui s'occupent de l'incarcération puisque derrière l'incarcération il doit aussi y avoir une politique pour éviter la récidive. 
 
Je ne serai pas candidat à l'élection présidentielle mais ce que je sais, c'est que je passerai du temps à aller discuter avec les vrais acteurs du terrain, les mettre autour de la table afin d'avoir un examen clinique très précis des raisons de l’inefficacité du système. En clair, comment fait-on en sorte que le policier se sente conforté par le magistrat et comment le magistrat se dit qu'il aura la capacité de faire appliquer ses décisions ? Dans un pays où, je vous le rappelle, les prélèvements obligatoires sont les plus élevés au monde, cela me parait être un minimum d’espérer que ce qui relève des fonctions éminentes de l'Etat fonctionne correctement, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. 
Ce sujet-là, il est central parce qu'il sera destructeur si dans quelques mois nous ne sommes pas en capacité d'apporter un début de réponse. Il n'est tout de même pas logique que 4138 pompiers aient été victimes d'une agression durant l'année 2019 sans qu’on ne réagisse sur ces questions. C'est absolument ahurissant. 

Je voudrais par ailleurs simplement évoquer en deux mots un autre sujet parce qu'on a besoin de sécurité mais on a aussi besoin de liberté et tout particulièrement de libertés locales, d'une nouvelle gouvernance. On a besoin de bâtir un modèle de gouvernance publique radicalement différent, pas de la décentralisation concédée du bout des lèvres par une technocratie qui au bout du compte continue à penser que les élus sont d'immenses irresponsables qu'il faut contrôler au maximum. Mais, au contraire, de bâtir un modèle de gouvernance publique simple qui permette à nos compatriotes de participer à la construction de l'action publique. Parce que derrière cela, il y a un enjeu qui est d'abord démocratique parce qu'une collectivité locale ne bâtit son projet qu'en travaillant avec chacune et chacun des acteurs. Cet enjeu démocratique est absolument stratégique parce que derrière la problématique que j'évoquais tout à l'heure de la cohésion de la nation, il y a aussi un enjeu démocratique de plus en plus profond qui émane chez nos compatriotes qui ne supportent plus ce système vertical et éloigné. Et enfin, il y a un enjeu d'efficacité. Comme je le disais, dans le pays qui a la dépense publique la plus élevée au monde, on a tout de même au bout du compte des services publics dont le fonctionnement mérite largement d'être amélioré. Et c'est pour cela que je défends l’idée que les libertés locales doivent être la clé de la reconstruction et de la refondation politique du pays. J'espère mon cher Gérard que celui ou celle qui portera nos couleurs au moment de l'élection présidentielle pourra avoir ce discours simple. 
Tu le disais hier Valérie, ce n'est pas parce qu'il y a des Lands extrêmement puissants en Allemagne qu’Angela Merkel est vue comme une chancelière très faible. On peut dire la même chose du président américain. Il est donc nécessaire que notre prochain candidat à l’élection présidentielle porte ce discours-là.
Avant l’élection présidentielle, il y aura une élection régionale. Et nous sommes à sept mois de cette élection durant laquelle nous rappellerons l’ambition permanente qui nous a animés pendant ces cinq dernières années pour que nous soyons tous fiers d'être normands. Je suis content de voir de plus en plus de drapeaux normands, de plus en plus de léopards. Demain, j’ai envie de voir au moins autant de drapeaux normands que de drapeaux bretons sur les étapes du Tour de France. 

Être fier de sa région, la faire rayonner, c’est ce qui nous a guidé en permanence. On l'a fait à travers de nombreuses initiatives, en organisant de nombreux évènements. Je pense aux Olympiades des métiers où la France entière était présente à Caen pour montrer les talents de l'apprentissage. Je pense aussi au Festival de l'excellence normande qui permet pendant plusieurs jours de montrer aux Normands l'intelligence, la matière grise, l'innovation, bref, tout ce que nous avons de meilleur.  Je pense également à Normandie pour la paix qui est en train de devenir un immense événement à l'échelle internationale sur les questions de sécurité, sur les questions de paix, sur les questions de développement durable. Je pense enfin au salon de l’agriculture où la Normandie a désormais un stand à la hauteur de l’agriculture normande grâce à un travail commun avec les 5 départements normands. 
Mesdames et messieurs, vous le voyez à travers ces exemples concrets, nous avons essayé de porter cette idée normande au travers de grands événements mais aussi en misant sur la culture. 
Pourquoi avons-nous cherché avec Catherine Morin-Desailly, à faire en sorte que l'Opéra de Rouen Normandie soit labellisé comme grand opéra national ? C'est parce qu'il fallait que nous puissions porter une ambition culturelle majeure. Saviez-vous, Mesdames et Messieurs, que la grande région du cirque, c'est la Normandie ? Qui sait que le plus grand festival de cirque européen, Spring, est en Normandie et que Cherbourg est un des hauts lieux de la création circassienne mondiale ? 

La Normandie est un territoire qui souvent ignore ses talents et ses qualités. Pourtant, là où nous sommes les meilleurs, il faut que nous portions cette excellence et que nous le fassions savoir. Je pourrais également citer bien entendu ce que nous faisons au titre du patrimoine pour nous réapproprier notre culture. La protection de notre patrimoine, c’est notamment notre patrimoine médiéval et bien sûr toute l’histoire de Guillaume, mais c'est aussi notre patrimoine immatériel. C’est pour cela que je défends l’idée de protéger notre langue normande qui fait partie de nos fondamentaux culturels. Voilà pourquoi je défends l'idée selon laquelle nous avons une communauté de destin et il faut que nous portions notre région avec toute son histoire et toute sa culture. C’est ce que nous avons cherché à faire en permanence et ça a été une obsession de tous les jours de faire en sorte que chaque point d'excellence soit porté au maximum. N'oubliez jamais cette formule qui est une formule à laquelle je crois plus que tout autre :
« si vous voulez réduire vos faiblesses cultiver vos points forts et d'excellence ».
C’est cela que nous avons essayé de bâtir pour faire en sorte qu’à chaque fois que nous avions un point fort, nous le renforcions plus encore pour faire en sorte que nous puissions réduire nos faiblesses. Il y a eu aussi très clairement la volonté de procéder à un vrai rattrapage. En effet, l'investissement en Normandie avant la fusion était largement insuffisant. Alors que la Haute et la Basse-Normandie investissaient à elles deux 380 millions d'euros en 2015, nous investissons aujourd'hui 890 millions d'euros en ayant encore la Région la moins endettée de France, et de loin, parce que le dernier exécutif de l’ex-Haute-Normandie avait tellement peu d'ambition et d'imagination que nous n'avions pas un centime de dette en Haute-Normandie. 
 
Nous avons essayé de procéder à des rattrapages sur toute une série de sujets. 
 
Le premier rattrapage est sur le ferroviaire, où il nous reste encore du chemin à faire. J’ai eu une réunion avec les deux patrons de la SNCF car nous avons souffert d'un abandon de notre réseau ferroviaire depuis trente ans. Nous avons investi 2 milliards 200 millions d'euros mais, malheureusement, Bombardier ne nous livre pas nos trains en temps et en heure et on en a, à la fin du mois d’août, six au lieu d'en avoir 21.
Cependant, au bout du compte, on peut espérer qu'avec un tel investissement, nos compatriotes constateront un jour ou l’autre que la Normandie est à nouveau reliée par un réseau ferroviaire convenable, ce qui est un facteur absolument stratégique en termes de mobilité, de croissance et de développement. 
 
Nous avons consacré 230 millions d'euros pour aider les Départements à déployer plus rapidement le Très Haut Débit en Normandie. Ainsi, en Seine Maritime, ce sera fait en 2025, contre 2030 au départ. Même chose dans l’Eure et ce dans tous les territoires du Département, y compris dans ceux où rien n’était prévu. Merci à Hervé Maurey. Dans l’Orne, il en sera de même, Christophe de Balorre ayant pris les choses en main en lien avec Stéphane Richard après les mauvais choix de son prédécesseur Alain Lambert que je ne cite pas. 
 
Nous avons également Mesdames et Messieurs  procédé à un rattrapage dans les lycées. Nous avons consacré 534 millions d'euros d'investissement pour moderniser les conditions de travail des lycéens et des enseignants, ma chère Valérie. Nous avons accompagné les établissements scolaires qui voulaient développer l'apprentissage approfondi de la langue anglaise, nous avons lancé le lycée du futur et un plan lycée durable. Bref nous avons lancé toute une série de politiques autour des lycées. 
 
Je n'évoque pas bien entendu la question de l'économie qui a été largement évoquée par Sophie Gaugain même si je rappelle que nous sommes la seule région française à avoir créé des instruments nouveaux, comme un fonds d'investissement qui est aujourd’hui propriétaire d'une cinquantaine ou d'une petite centaine désormais d'entreprises. Je rappelle également que nous avons sauvé plus de 450 entreprises à travers ARME, pour rebondir sur les propos de François Lenglet. Ce qui me fait dire que lorsqu’on fait les choses sérieusement on peut sauver des entreprises qui sont en difficulté. Je parle des entreprises qui sont fondamentalement saines et qui ont une problématique de trésorerie. J’en veux pour preuve l’entreprise ACIBOIS, situé près de Caen, et que grâce à l’alerte de Joël Bruneau, la Région a sauvé en 48 heures, alors qu’elle était purement et simplement abandonnée. Au total, ARME aura permis de sauver 13.000 salariés du chômage, issus d’entreprises qui sont la plupart du temps aujourd'hui bénéficiaires et qui créent de l'emploi. 
 
En matière de santé, nous avons financé massivement aux côtés des Départements des pôles de santé libéraux et ambulatoires. Au total, plus de 80 maisons de santé sont en construction aujourd’hui ! Nous avons également accéléré la formation de toutes les professions paramédicales. Et il y a bien entendu la problématique des chirurgiens-dentistes. Sur cette question, nous sommes en train de bâtir avec les facultés de médecines des régions environnantes  une offre de formation en Normandie pour les quatrième et cinquième année d’études dentaires. Nous devrions aboutir d’ici 4 ou 5 ans à l’obtention d’une faculté d’odontologie complète. Cela fait 40 ans que l’on en parle et nous allons finir par le faire.
 
Je souhaite également m’arrêter sur l’apprentissage, dossier qui était en panne depuis des décennies. Grâce au travail de David Margueritte, avant que le gouvernement n'ait l’idée d'enlever cette compétence aux Régions et de la recentraliser, la Région a en 2 ans augmenté le nombre d'apprentis en Normandie de 21 pour cent. Merci à David Margueritte de s’en être occupé à travers un gros travail de co-construction avec l'ensemble des acteurs de la formation. 
 
Je termine par le sujet de la fierté normande. Un dossier important que tous les Normands doivent porter. Les Normands doivent être fiers de l'être, fiers de vivre dans leur région, et fiers d’être Normands pour ceux qui demeurent dans d’autres territoires. Nous avons ainsi 5.000 ambassadeurs de la Normandie à travers le monde grâce à Normandie attractivité et qui valorise les succès, les talents et les réussites de la Normandie. Il y avait des clubs de Bretons, il y avait des clubs alsaciens. Il y a maintenant, partout dans le Monde, à Sydney, à New York des clubs de Normands.
Nous sommes, cher Gérard, des conquérants, qui portent une ambition et qui ne se contentent pas d’être à la remorque de politiques de l'Etat sur ses champs de compétence. La Région porte des ambitions et des projets majeurs. C’est ce que nous faisons quand nous proposons à la Métropole de Rouen de moderniser le grand campus du Madrillet ou quand nous accompagnons la Communauté urbaine de Caen sur la dynamisation du plateau nord de Caen. Ces interventions sont essentielles car, comme le disait Gilles Treuil, l'élément clé du développement à moyen et à long terme est l'existence d'écoles de formation et de campus qui sont capables d'attirer les meilleurs étudiants. Je vous rappelle à cet égard que la Normandie perd chaque année 3.500 étudiants niveau master qui quittent les universités Normandes pour aller pour la plupart sur l'Ile de France mais aussi parfois vers la Bretagne. C’est pour en finir avec cette saignée du territoire normand qu’il convient d’avoir une ambition qui soit à la hauteur en matière universitaire et de grandes écoles. Dans ce domaine, la Normandie s’apprête à accueillir deux nouvelles écoles, l’une sur la gastronomie avec Fauchon, l’autre sur l’ingénierie informatique avec YNCREA. Mon ambition sur le prochain mandat sera de faire en sorte que chaque année nous puissions accueillir une école nouvelle, afin de renforcer et structurer l'enseignement supérieur en Normandie. 
Un regret toutefois dans ce domaine : celui que la seule institution qui ne s'est pas mise à la dimension de la Normandie soit les universités. Il nous faut une université normande ! Les deux présidents des universités de Caen et de Rouen se sont enfin décidés à le faire. Il faut en effet que notre université et nos laboratoires, absolument exceptionnels, puissent avoir le rayonnement qu’ils méritent. Il faut qu’ils atteignent la dimension permettant de pouvoir créer des formations attrayantes pour les étudiants franciliens par exemple. 
 
La deuxième ambition que nous portons est celle de la filière équine. Nous avons là une excellence mondiale, un domaine où la Normandie est reconnue comme l’un de deux ou trois territoires dans le monde où tout se passe en matière de cheval. Cette image sera renforcée par le fait que l’année prochaine, un véritable campus équin verra le jour à Goustranville près de Dozulé. Ce campus accueillera bientôt la totalité des centres de recherche et des laboratoires sur la filière équine, soit environ 70 chercheurs. Y sera prodiguée la totalité de la formation des vétérinaires équins de France. Ce sera en Normandie et nulle part ailleurs dans le monde. La Région portera l’essentiel de l’investissement, ce qui bénéficiera à une filière qui représente tout de même vingt mille emplois, souvent en zone rurale où c'est parfois compliqué de trouver du travail. 
 
Troisième ambition que je souhaiterais mentionner, la transition climatique avec le GIEC normand. La Normandie est la seule région à avoir pris une telle initiative. Vingt-trois scientifiques, mon cher Gérard, dont certains travaillent au sein du GIEC international, se sont regroupés à la demande de la Région pour travailler sur les conséquences du réchauffement climatique en Normandie, afin que nous puissions être éclairés sur les stratégies à mener à moyen terme. Les premières conclusions seront présentées à l'ensemble des Normands dans quelques semaines. Je peux d’ores et déjà vous indiquer que la température en Normandie a déjà augmenté de 1,7 degré en moyenne sur les 30 dernières années et va continuer à augmenter d’au moins 3 degrés d’ici à 2050. La ressource en eau, quant à elle, va se réduire d'au minimum 15 % dans les 30 prochaines années, avec des conséquences pour l'agriculture normande car nous serons confrontés à des périodes caniculaires de plus en plus importantes. Nous sommes fiers de porter cette réflexion stratégique avec tous les acteurs concernés, dont le monde agricole, celui de la mer et bien sûr avec l'ensemble des élus qui sont concernés de près ou de loin notamment par leurs documents d'urbanisme. 
 
Nous avons en outre Mesdames et Messieurs, décidé de créer un véritable lycée international en Normandie. Nous serons d’ailleurs une des seules région à avoir un établissement de ce type. Je voulais en effet faire en sorte que la Normandie puisse  accueillir des élèves du meilleur niveau sur des formations d'excellence qui soient ouvertes à 200 ou 300 étudiants étrangers. Ce lycée international verra le jour dans le Roumois. 
 
Dernier exemple pour ne pas être plus long, le sport. Nous sommes en train de bâtir un haut lieu du sport national et international qui fait tant défaut à la Normandie. Il s’agit du centre sportif de Normandie à Houlgate qui était à l'abandon. La Région aurait pu le reconstruire en ayant une petite ambition. Nous avons au contraire décidé de travailler avec les Fédérations sportives afin que les athlètes du plus haut niveau, les équipes nationales, les espoirs, les équipes internationales, des clubs étrangers puissent venir s'entraîner chez nous. A Houlgate, nous aurons aussi la capacité de pouvoir offrir au mouvement sportif normand, de la formation, y compris en matière de santé du sport.
 
Je ne pourrais terminer sans vous parler du contournement Est de Rouen. C’est un projet majeur et je regrette que le président de la métropole de Rouen ait vendu son âme pour gagner les élections sur cette question, qu’il y ait renoncé pour faire en sorte que les écolos soient derrière lui. Cela fait 45 ans que l’on attend le contournement Est ! C’est pourquoi, la Région avait fait en sorte avec le Département de la Seine Maritime et avec l’ancien président de la Métropole Frédéric Sanchez, de boucler le financement de cette opération. Le contournement Est est stratégique pour la Métropole de Rouen mais aussi pour la Normandie tout entière. La Région avait souhaité le porter comme elle l’a fait pour la liaison Flers Argentan ou la liaison Granville-Avranches, car en matière de grandes infrastructures, la Normandie doit être à la hauteur des nombreuses attentes de ses habitants.
 
Mesdames et Messieurs, c’est cette même ambition qui sera le moteur de notre campagne régionale dans les prochains mois, couplée à la fierté d'être normands. Nous étions dans les profondeurs des classements nationaux. Nous sommes désormais à chaque fois sur le podium, notamment en matière d’indicateurs économiques, avant la crise de la Covid. Et c'est cette ambition que nous porterons parce que nous pensons comme vous, comme 93% des Normands, que la Normandie doit être une région dont on doit se dire qu'elle est non seulement celle de la qualité de vie, non seulement celle d'un patrimoine exceptionnel, non seulement celle d'un environnement absolument fabuleux, mais aussi celle qui attire les talents et qui son développement. 
Mesdames et messieurs, voilà le travail qui a été le nôtre au cours des 5 dernières années. Je crois que c’est en travaillant ainsi que l’on bâtit l’avenir, mon cher Gérard. Il faudra bien évidemment qu’en 2022 la France devienne en capacité de résoudre les grandes faiblesses qu’elle a aujourd’hui, notamment celles que nous évoquions tout à l'heure. Ainsi, Mesdames et Messieurs, nous sommes heureux que vous soyez si nombreux ce matin en dépit du temps que nous avons. Nous aurons besoin de vous dans les prochaines semaines pour faire en sorte que la Normandie continue à gagner ! 
 
Je vous en remercie.

La Rédaction