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Défendre le patrimoine immatériel

Mardi 1 Juin 2021

​Communiqué du Réseau citoyen du Cercle Normand de l'Opinion



En ces temps de réaction profonde et salutaire contre l’anonymisation provoquée par la mondialisation, il est réconfortant qu’une collectivité locale comme la Région ait le souci de préserver ses parlers d’origine, d’en faire la promotion et, surtout, d’en montrer scientifiquement la valeur. La 3e Rencontre régionale des parlers normands qui s’est tenue à Rouen, le 22 mai dernier, en porte un éclatant témoignage.

En liaison avec la F.A.L.E. (Fédération des Associations pour la Langue normande), le Conseil Régional, par la voix de M. Edouard de Lamaze, conseiller régional référent, et par les travaux du Conseil scientifique et culturel des parlers normands, créé à cet effet, a dressé un bilan de l’action menée depuis deux ans.
Trois objectifs ont été fixés : sauvegarder, faire valoir et communiquer. Des fiches pédagogiques, en français et en anglais sur les parlers normands ont été établies pour être diffusées auprès des élèves. 3 communes (Marchesieux, Epaignes, Bois-Héroult) ont inauguré leurs panneaux d’entrée de ville. 3 autres (Yquebeuf, Basly et Champsecret) s’apprêtent à le faire. 157 communes ont fait leur demande. L’opération n’est pas simple : elle doit scientifiquement être attestée et justifiée. C’est la tâche du Conseil scientifique. Et cela nous vaut des morceaux d’anthologie qui ennoblissent les communes ! Ces notes de synthèse historique et linguistique sont élaborées en coopération avec la Maison de la Recherche en Sciences Humaines (M.R.S.H.) de l’Université de Caen.

Insistons sur ce fait : on est loin du « folklore » dénoncé dédaigneusement par ceux qui ont daubé sur l’initiative prise par le Président Morin. Dans ce domaine, on avance lentement, mais avec sérieux et détermination.
Le Conseil scientifique a recensé toutes les œuvres écrites en des parlers normands et il s’attaque à un Atlas linguistique du normand. Tout ce travail de fond s’effectue avec la participation recherchée des communes, des associations et des locuteurs. Le résultat de ce travail de sauvegarde se concrétise dans le projet « Paroles de Normand », avec, pour l’instant, 553 fiches réalisées, depuis le plus ancien texte en normand « Le triomphe des Normands » jusqu’en 1918 (après… on verra!). Découverte intéressante : alors que, dans d’autres régions, les parlers traditionnels sont le plus souvent transcrits dans des ouvrages ou des articles d’esprit conservateur, en Normandie, l’usage de la langue normande dans les écrits se font dans toutes les couches de la société.

Par des « cafés-normands », on encourage une nouvelle convivialité et par le théâtre, on entend populariser l’usage de la langue. L’exemple de l’Université rurale cauchoise est significatif et la Compagnie Théâtre en partance va proposer les 15 et 16 juillet prochains la présentation du Journal de Gilles de Gouberville, document essentiel du XVIe siècle, avec le soutien de la Région, tandis que l’oeuvre de l’éminent linguiste François de Beaurepaire (1928 – 2020), auteur des étymologies des communes de l’Eure, Seine-Maritime et Manche, sera continuée par celles du Calvados – non publiées à ce jour – et l’Orne, sous la direction de M. Fournier.

Il revenait au Président Morin de conclure :

Les parlers normands sont un patrimoine immatériel qu’il convient de sauvegarder et de promouvoir. Par curiosité et intérêt d’abord, par amour et passion pour la Région. Retrouver ses racines pour prendre de l’élan afin d’affronter l’avenir. C’est une prise de conscience de la communauté de destin et un sentiment de fierté et d’appartenance.

Alors que le débat sur les langues régionales est relancé (nous y reviendrons), l’exemple de la Normandie, par son caractère positif, est encourageant.

Club C.N.O. de la Boucle d’Arelaune, le 28 mai 2021



La Rédaction