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Avec la Région Centre, la Normandie a des intérêts communs, peu ou pas de convergences fusionnelles

Dimanche 1 Juin 2014



En ces temps où l’on parle de modifications des limites régionales et où certains élucubrent des regroupements… bizarres, le Mouvement Normand tient à réaffirmer hautement qu’il lutte depuis quarante- cinq ans pour la réunification de la haute et de la basse Normandie et que, pour les Normands, la seule région qui vaille est la Normandie. La Normandie, un point c’est tout.
Mais nous n’avons pas une conception fermée de la région. La Normandie n’est pas une île, on ne le répétera jamais assez. C’est une région ouverte. Sur la mer tout d’abord, puisque c’est sa vocation première, sur le reste de l’espace français et ouest-européen ensuite. De ce fait, il est nécessaire, voire indispensable, de bien connaître les différentes régions qui lui sont limitrophes et d’évaluer les éventuelles solidarités qui peuvent se faire jour avec elles.
C’est pourquoi, dans une série de communiqués, nous allons évoquer les relations pouvant exister – dans l’ordre – avec la Picardie (cf le communiqué n° 202), le Centre, les Pays de la Loire, la Bretagne et, in fine, l’Ile-de-France, étant entendu que, dans notre démarche, il n’y a aucun complexe de supériorité ou d’infériorité, aucun « impérialisme » (le mot est trop fort), seulement le désir de bien comprendre que des intérêts communs n’ont rien à voir avec des convergences fusionnelles…
La Normandie n’est limitrophe de la région Centre que par le département de l’Eure et Loir, dont le chef-lieu est Chartres… Encore faut-il préciser que si le département de l’Eure, typiquement normand (c’est l’ancien Evrecin), est séparé du pays de Dreux ou Drouais par la rivière Avre, le département de l’Orne jouxte l’Eure et Loir dans les limites mal définies du Perche, antique entité depuis longtemps divisée entre Perche Ornais et Perche Gouet, reflet du subtil jeu de balancier des comtes du Perche qui, au Moyen-Age hésitaient entre l’allégeance au Roi de France et celle due au Duc de Normandie, Roi d’Angleterre… Si l’on remonte plus loin dans le temps, on notera qu’à l’époque gauloise, nous avions affaire au grand peuple des Aulerques, mais que l’on distinguait déjà les Aulerques Carnutes, dont la ville principale était Cénabum (Orléans) et les Aulerques Eburovices, dont le centre premier était d’abord Gisacum, puis Mediolanum (Evreux)…
Rappelons enfin que la frontière de l’Avre fait partie de la frontière  franco-normande, âprement disputée, comme le témoigner l’impressionnante ligne de forteresses de part et d’autre de la rivière. A ce propos, il y aurait lieu – et cela ne se limite pas aux confins de la Normandie et de la région Centre – d’organiser un grand parcours touristico-touristique des forteresses médiévales de la frontière franco-normande (de la Bresle au Mont-Saint-Michel).
Laissons là l’histoire – mais ne l’oublions pas car c’est un puissant facteur d’identité – et venons-en aux relations actuelles et aux problèmes communs.

LA  R.N. 12 ET LA VOIE FERREE PARIS – GRANVILLE

Ces infrastructures sont essentielles dans la perspective d’une liaison entre Paris et une partie de l’ouest de la France, mais elles n’ont pas reçu toute l’attention nécessaire pour être modernisées et performantes à la fin du XXe siècle. Pourquoi ? Parce qu’elles sont en limite des régions traversées, situées alternativement en Ile-de-France, dans le Centre, en Normandie et les Pays de la Loire. Disons-le clairement, elles n’ont pas été des préoccupations prioritaires de l’aménagement du territoire. Le Mouvement Normand le regrette car c’est toute la partie méridionale de la Normandie qui est la plus concernée.
Le résultat, c’est que la voie ferrée Paris – Granville, malgré des efforts récents, reste… précaire (euphémisme) et que la R.N. 12 conserve de nombreux « points noirs » (Saint-Rémy-sur-Avre, notamment)… De ce fait, la liaison entre Paris et l’Ouest passe davantage par la ligne TGV par Le Mans et, bientôt, Rennes, et l’Autoroute A 11.

LA ROUTE DU BLE N’EST PAS ACHEVEE

L’un des principaux échanges économiques entre la Normandie et la région Centre est incontestablement le trafic des céréales entre la Beauce, grande région productrice, et notre grand port céréalier de Rouen. On pourrait penser que des liaisons directes performantes relieraient la Beauce et le G.P.M de Rouen : ce n’est pas tout à fait le cas. Excluons tout d’abord la voie ferrée directe : elle n’existe pas et cela fait des décennies que l’on parle de réouverture du tronçon Rouen – Evreux (pour ne citer que la partie normande). Il y a bien le vague projet d’une grande ligne de contournement par l’ouest de la région parisienne qui, passant par la Normandie et Chartres, permettrait la constitution d’une rocade reliant le nord de l’Europe au sud-ouest sans passer par Paris… mais cela reste chimérique avec l’Etat impécunieux que nous connaissons. En attendant, le fret ferroviaire céréalier passe par l’ouest de la Capitale pour… engorger le sillon Paris – Normandie déjà surchargé.
Reste la route. Cela progresse. Depuis peu.
De Rouen à la R.N.12, l’autoroute A 154 est réalisée depuis quelques années. De Chartres à Dreux, une 2 X 2 voies vient d’être terminée. Il faut faire sauter le verrou de Saint-Rémy-sur-Avre. Il faudrait une détermination conjointe de la haute Normandie et de la région Centre pour accélérer le processus…

UN GRAND POLE DE COMPETITIVITE EN COMMUN : COSMETIC VALLEY

470 entreprises. 45 000 emplois. 10 milliards de chiffre d’affaires. 188 laboratoires de recherche. Le tout réparti entre la haute Normandie, l’Ile-de-France et le Centre, avec Chartres comme ville-phare. Evidemment des liaisons étroites existent avec la « Glass Valley » de la Bresle (notamment pour le flaconnage) et les entreprises pharmaceutiques situées dans l’Eure. Ce pôle de compétitivité est (encore) un fleuron de l’industrie française et les Normands travaillent en confiance avec leurs homologues de la région Centre. C’est un secteur d’avenir.

LE TOURISME RURAL DISPOSE D’UN FORT POTENTIEL

Le Perche, qui est commun à la Normandie, à une partie de la Sarthe et de l’Eure et Loir, a un grand pouvoir d’attraction, tant pour les Parisiens que pour les Normands. Il dispose notamment d’une signalétique qui fait l’admiration des touristes qui ne sont que de passage.
Le Parc Naturel Régional du Perche, créé en 1998, vient de renouveler sa Charte pour les 118 communes qui le composent et la Maison du Parc a été inaugurée à Nocé (Orne) en présence des élus normands et de la région Centre. C’est un puissant moteur de développement durable.
Ces quelques exemples montrent que le Centre et la Normandie ont des préoccupations communes, de même que la vallée de l’Eure constitue un lien naturel entre les deux régions et que les cathédrales de Chartres, d’Evreux et de Rouen participent à la magie des cathédrales telle qu’elle s’exprime présentement au Musée des Beaux -  Arts de Rouen.
Sauf à démembrer la région Centre – ce qui n’est pas souhaitable – il n’y a pas lieu, comme le préconisent certains à vouloir rattacher l’Eure et Loir à la Normandie.
Dernier point, et ce sera valable pour toutes les villes – frontières de la Normandie, de la ville d’Eu à Pontorson, il faudrait que nos instances régionales s’intéressassent davantage aux villes-portes de la Normandie, qui devraient d’abord être des vitrines de la région normande. Nous pensons en l’occurrence à Nonancourt et Verneuil-sur-Avre. C’est une réflexion qu’il faudra ouvrir avec les édiles du Pays d’Avre et d’Iton qui ont, heureusement, déjà beaucoup fait en la matière. Tant mieux !

Didier PATTE
Président du Mouvement Normand



La Rédaction