
Lactalis, géant mondial du lait, vient de remporter une importante victoire judiciaire : le Conseil d’État a reconnu la suppression de l’obligation jusqu’alors légale de mentionner l’origine géographique du lait, entérinant en fait une décision de la Cour de justice de l’Union européenne. Cette soumission de la plus haute instance judiciaire française à cet organe européen est en elle-même un scandale puisqu’elle remet en cause la souveraineté de la France, mais, de plus, par ses conséquences, elle risque à terme de supprimer toutes les I.G.P. dès qu’un lobby assez puissant fera appel à cette juridiction que l’État français, passant outre ses obligations régaliennes, a concédée à un aréopage non élu démocratiquement…
En obtenant satisfaction de la part du Conseil d’État, Lactalis se donne le droit d’importer le lait de ces « usines à lait » européennes ou de Nouvelle-Zélande. C’est la ruine annoncée des élevages traditionnels français.
La Normandie, bien entendu, est directement concernée. La condition des éleveurs est déjà précarisée par la pression des industriels du lait qui paient le lait collecté au minimum minimorum, voire à perte pour l’éleveur : s’ils peuvent s’approvisionner n’importe où, déniant la qualité intrinsèque du lait devenu un produit standardisé… et insipide, alors le devenir de l’élevage normand est sombre. D’autant plus que le vieillissement des chefs d’exploitation laitière devient inquiétant (la moitié des producteurs laitiers prendra sa retraite d’ici 2030). C’est toute une économie rurale, mais aussi un paysage, qui vont être bouleversés.
Si des Elus normands (de toutes tendances) s’en émeuvent, il est… étonnant que le Gouvernement ne réagisse pas.
Cercle C.N.O. de Lisieux – 15 avril 2021