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Quand un futur se construit un avenir (Communiqué vidéo)

Lundi 19 Mai 2014



Il n’est pas dans nos habitudes de féliciter un élu qui fait le travail pour lequel il a sollicité les suffrages de ses mandants, voire de l’encenser s’il est efficace. Son contrat est rempli dès lors que la tâche qu’il s’est assignée est accomplie et la sanction peut être une éventuelle réélection. Comme ce cas est relativement rare, l’élu est souvent la cible de nos critiques, à la mesure de nos exigences. A l’inverse, lorsqu’un élu fait preuve d’imagination et d’anticipation, qu’il voit plus loin que sa propre réélection, qu’il est visionnaire, alors il a droit à toute notre considération et, quelle que soit son étiquette, nous devons le soutenir, appuyer ses intuitions, faire chorus avec les idées neuves qu’il promeut.
Plus souvent qu’à son tour, Jean-François Le Grand, président du Conseil général de la Manche, a fait l’objet de nos sarcasmes et de nos ironies : sa propension à voir son département – qui n’est tout de même pas central – au milieu, hier, de l’Arc Atlantique, tel autre jour, en plein Grand Ouest, nous a souvent paru la preuve d’une mégalomanie et d’un nombrilisme assez risibles, bien qu’excusables… Il faut savoir convaincre les électeurs de ses capacités à embrasser les grands ensembles et à s’y situer en position favorable !
Jean-François Le Grand a commencé à nous étonner (en bien) lorsque, au cours de la dernière campagne pour les élections régionales, il s’est prononcé sans ambiguïté pour la réunification de la Normandie et, surtout, depuis, il a maintenu cette position qui n’était donc pas de circonstance…
Mais, là, où il nous fascine – le mot n’est pas trop fort -, c’est lorsqu’il se lance dans une quête qui dépasse le rôle même d’un élu de terrain et qui, quel qu’en soit le résultat, vaudra la peine d’avoir été tentée et suscite dès lors notre admiration.
Cette quête est exemplaire : il faut la raconter.

Jean-François Le Grand est parti d’un constat que tout un chacun peut faire : le Cotentin est et sera en surproduction d’électricité. A cause de Flamanville et de son futur E.P.R., à cause des fameuses E.M.R. (Energies marines renouvelables). Certes, l’électricité produite dans la Manche va alimenter la Bretagne – la région qui veut bien de l’électricité nucléaire, à condition qu’elle soit produite ailleurs et à un prix particulièrement bas… Tant pis pour le Bocage normand défiguré par les lignes THT… –, mais les Iles normandes de la Manche vont être aussi connectées. Bien évidemment cela ne résorbera pas les surplus de production électrique qui, comme chacun sait, ne peut être stockée…
Un écologiste de base, fanatique et doctrinaire, en tirerait une conséquence aussi futile que décalée dans le temps : ne terminons pas l’E.P.R., dirait-il, puisque les E.M.R. pourront le remplacer… D’abord, ce n’est pas certain : combien faudrait-il d’éoliennes off-shore et d’hydroliennes pour produire autant d’électricité que l’E.P.R. ? Ensuite, l’exploitation des E.M.R. se fera de façon très progressive et Jean-François Le Grand a raison de tabler sur un « mix » énergétique pour réaliser la transition énergétique… Mais, imaginons que l’E.P.R. en service, les éoliennes off-shore, les hydroliennes, voire les installations de méthanisation (sans oublier les barrages du Sud – Manche) soient en pleine production électrique, le département de la Manche sera en situation de surproduction électrique.

Jean-François Le Grand émet l’idée de l’utiliser pour fabriquer de l’hydrogène (Ouest-France, 26/4/14). « Ce n’est pas une lubie environnementale, mais un modèle créateur d’emplois », assure-t-il.
Cet hydrogène injecté dans les chaufferies fonctionnant au gaz naturel « permettra de réduire la consommation ». Combiné au CO2, il devient carburant : cela devient un méthane, « ce qui réduirait nos importations de gaz d’un coût élevé »… Certes, il faut piéger le CO2 (du côté du Havre, on sait faire…) et produire l’hydrogène par électrolyse : une filière peut se mettre en place grâce aux surplus de la production électrique. Jean-François Le Grand voit plus loin : la pile à combustible, dont les recherches avancent à grand pas…
Là où Jean-François Le Grand passe de l’utopie à une démarche sérieuse de faisabilité, c’est lorsqu’il recherche de par le monde des exemples de mises en œuvre.
Avec une délégation cotentinaise, il s’est, il y a quelques mois, rendu en Allemagne, chez Siemens et d’autres opérateurs qui travaillent sur la pile à hydrogène.
Il a annoncé la création à Cherbourg d’un consortium animé par des industriels et des chercheurs. On y retrouve Energie Hydro Data 2000 (E.H.D.), dirigé par le PDG d’Air Liquide, Claude Heller – natif de Saint-Lô – et d’autres décideurs particulièrement en flèche en matière énergétique (Areva – Total – Siemens…). Le but est d’utiliser le surplus de production électrique initiale nécessaire à l’électrolyse qui permet la production stockable d’hydrogène…
Profitant d’un voyage aux Etats-Unis (pour la commémoration du 70e anniversaire du débarquement), Jean-François Le Grand a rencontré les dirigeants du port de Houston qui projettent d’installer sur les quais une station productrice d’hydrogène. Pour eux, l’hydrogène est une matière première d’avenir qui va alimenter les 3 000 camions du parc automobile portuaire… A la mi-avril, les dirigeants d’E.H.D. 2000 ont rencontré les responsables du port de Houston…

Passage à l’acte : en 2015, une quarantaine de véhicules du Conseil général circuleront à l’hydrogène dans la Manche. L’expérience, peut-être économiquement négative, vaut cependant d’être tentée.
Ce n’est pas un hasard si, à l’initiative du président du Conseil général de la Manche,  l’économiste et productiviste américain, Jérémie Rifkin, est venu « plancher » sur la « société idéale en 2050 », quand le pétrole sera devenu une denrée rare, comme d’autres énergies fossiles. Cette conférence, organisée dans un cinéma de Saint-Lô, a été suivie en différé par les étudiants de Caen : mobilisation des intelligences, donc !
Ayant, d’autre part, contribué à la réussite du Salon Thétis de Cherbourg sur les Energies marines Renouvelables, on peut dire que Jean-François Le Grand s’est réellement transformé en acteur de la transition énergétique à partir des atouts de son département.
Au moment où chacun s’interroge sur le devenir d’Alsthom et sa reprise, soit par les Américains de Général Electric, soit par les Allemands de Siemens, il faut être attentif aux potentielles alliances de cet opérateur qui s’investit beaucoup dans les énergies marines renouvelables. Il est bon que des responsables politiques locaux aient des contacts déjà entamés avec les éventuels repreneurs, non pas en simples solliciteurs, mais en partenaires ambitieux. Jean-François Le Grand est aux avant-postes. Le Mouvement Normand l’en remercie.
Au fait, certains de nos lecteurs nous demanderont la couleur politique de cet élu… Ce n’est pas la question, ce n’est pas notre problème. Il est plutôt UMP. Et alors ?

Guillaume LENOIR 

La Rédaction