TVNC : Normandie, d'actions et d'infos









Inscription à la newsletter




Partager ce site

Lubrizol : une catastrophe minimisée

Dimanche 29 Septembre 2019

​Communiqué du Réseau citoyen du Cercle Normand de l'Opinion



Était-il nécessaire que l’on déplaçât quatre ministres pour « rassurer » (sic !) la population normande quant aux dangers, à court, moyen et long terme liés aux conséquences de la catastrophe industrielle de Lubrizol, à Rouen ?

Une ville « polluée » (Agnès Buzin dixit), 13 communes – seulement ? – impactées par le nuage noir des matières dangereuses incendiées, des mesures de la qualité de l’air lénifiantes (alors que de nombreuses personnes sont plus ou moins incommodées, etc)… On ne peut pas dire que l’opinion publique estime crédible le discours des autorités et, rien que cela, il faut constater le hiatus entre le ressenti de la population et l’attitude des autorités.

La responsabilité de la catastrophe incombe évidemment à Lubrizol, filiale de la multinationale américaine Lubrizol Corporation de la holding Berkshire Hathaway : il faudra qu’elle indemnise tous ceux, particuliers et collectivités, qui souffrent et vont souffrir des conséquences du sinistre, au plan de la santé comme au plan matériel. Minimiser l’ampleur du désastre, ainsi que l’ont fait les excellences ministérielles et les autorités préfectorales, c’est exonérer en partie Lubrizol de ses responsabilités et, par voie de conséquence, le montant des dommages et intérêts que la firme ou les compagnies d’assurances devront régler aux nombreux plaignants.

À moins que les propos qui se veulent rassurants des autorités ne masquent en fait une certaine gêne : ces autorités savent que la prévention des éventuelles catastrophes sur des établissements SEVESO du type Lubrizol était insuffisante (Lubrizol n’en est pas au premier accident technologique) et que la gestion de la crise a été calamiteuse, notamment en ce qui concerne l’information de la population (sirènes trop tardives et ne fonctionnant qu’à Rouen, annonces désordonnées de confinement, etc.). Entendons-nous bien : il ne s’agit pas de remettre en cause l’intervention rapide, mais dangereuse, des sapeurs-pompiers qui, une nouvelle fois, ont montré leur courage et leur efficacité (en éloignant par exemple certains produits hautement inflammables et dangereux du brasier). Il s’agit de s’interroger sur l’adéquation des Plans de Prévention des Risques Technologiques (PPRT). Il y en a cinq pour l’agglomération de Rouen (dont celui concernant Lubrizol).


L’État – car c’est lui en dernier ressort qui est responsable de la sécurité civile – a-t-il tiré les leçons des précédents incidents/accidents survenus chez Lubrizol ?

Le Préfet de Région, par une lettre du 11 juin 2019, adressée à F. Sanchez, Président de la Métropole, approuve le projet de Plan Local d’Urbanisme Intercommunal (PLUI), élaboré par le conseil métropolitain… mais assortit cette approbation avec 26 pages de remarques critiques… façon comme une autre de rejeter la responsabilité sur les Élus au cas où… À propos « des points à reprendre concernant les risques technologiques » (page 13/26), il considère comme conforme le PPRT du site Lubrizol

Dès les premières heures de l’incendie, le Préfet s’est empressé d’affirmer que le nuage noir n’était pas toxique. Peut-être avait-il raison : ce n’était pas une « toxicité aiguë », mais l’inquiétude de la population reste sensible : les gens ne croient pas en la véracité des annonces préfectorales. C’est un fait.

 

La Normandie, par le nombre de ses établissements SEVESO, contribue largement à la prospérité de la France. L’État devrait mieux la protéger. Au nom de la solidarité nationale ne peut-on, par exemple, regretter le non-maintien à demeure d’une unité comme le 71eR.G., apte à intervenir en cas d’accident technologique ou nucléaire dans les plus brefs délais. Ce n’est pas la seule solution, bien entendu, mais un élément de la preuve que l’État a le souci de protéger les Normands.


Rouen, le 28 septembre 2019
C.N.O.



La Rédaction