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Fierté normande

Samedi 22 Octobre 2016

​​Communiqué n°246 - Semaine 43



Un exemple parmi d'autres : le blason de la Pénitentiaire de Val Reuil, avec le Saint-Olaf !
En 1972, il nous en souvient, Sa Majesté la Reine Elizabeth II, à l’issue d’un voyage officiel en France, reprenait à Rouen son yacht royal Britannia… Nous nous étions fait la réflexion que la ville, largement pavoisée aux couleurs françaises et britanniques, n’arborait alors AUCUN drapeau normand. Nos léopards dormaient sans doute dans quelque remise municipale ou plutôt s’évanouissaient du cerveau de nos édiles dépourvus de toute fierté normande, comme si une telle affirmation eut alors paru désuète, incongrue ou naïve. Imagine-t-on aujourd’hui un tel événement sans une floraison d’oriflammes et de bannières « de gueules et d’or », avec nos lions redevenus conquérants et notre double Croix de Saint-Olaf ?
On mesure ainsi le chemin parcouru par tous ces obscurs militants de la cause normande qui, par leur insistance ou par une prise de conscience d’une normannité assumée, sont parvenus à insuffler à nos municipalités la volonté de pavoiser aux couleurs normandes. Il ne s’agit d’une quelconque volonté esthétique voulant établir une parité avec le fait d’arborer les couleurs nationales et européennes, mais bel et bien d’un désir légitime de revendiquer, outre des racines glorieuses, une appartenance à un terroir que l’on aime et qui a été façonné par nos devanciers dont nous sommes les héritiers.
La vérité nous oblige à dire que cette lente affirmation de notre attachement à notre vraie région a été (trop) longuement entravée par la calamiteuse division administrative de la Normandie (six décennies de séparation à comparer à deux millénaires de cohérence historique…) et, ainsi, l’on a vu des autorités régionales de rencontre et prébendières de la désarticulation normande chercher à vouloir susciter un pseudo-attachement aux deux régions-croupions, se disant normandes alors qu’elles ne l’étaient qu’à moitié… Et les unes et les autres de rivaliser dans la création coûteuse de logos régionaux d’une bêtise incommensurable… qu’ils voulurent même imposer sur les plaques d’immatriculation des véhicules. On vit même une tentative de sondage visant à faire accroire à un attachement à l’ex-haute Normandie. Le résultat fut si peu convaincant que les initiateurs de cette démarche incongrue en rangèrent prestement les résultats dans les oubliettes de l’information pourtant dirigée.

Depuis la réunification, avant même qu’elle ne devînt effective, les autorités régionales ont fait le choix des armoiries traditionnelles de la Normandie (les deux léopards d’or sur fond de gueules) et le nouveau Conseil régional de Normandie a entériné ce choix à la satisfaction de tous.

Le résultat ne s’est pas fait attendre : la France entière a été frappée par la densité de drapeaux normands arborés par les foules le long des routes des quatre étapes du Tour de France qui se déroulaient cette année en Normandie et il n’y a plus une manifestation qui ne se passe sans que les couleurs normandes ne claquent au vent…
Symbole dérisoire, diront certains, ceux qui, justement, n’avaient pas voulu marquer une identité normande sous les prétextes fallacieux d’un exclusivisme imaginaire et chauvin des régionalistes normands… Mais symbole fort d’une fierté normande retrouvée et qui se décline maintenant dans la vie de tous les jours.
Ne serait-ce que dans la désignation des organismes qui se créent chaque semaine depuis que la réunification est devenue réalité : associations régionales normandes professionnelles, sportives, culturelles, agences régionales normandes etc. Et ce ne sont pas que des fusions opportunes, mais, surtout, une volonté affichée de globaliser, à l’échelon d’une région cohérente et pour plus d’efficacité, les problématiques administratives, commerciales, juridiques, voire politiques.

Enfin, nous retrouvons une adéquation entre nos activités et l’espace dans lequel elles s’exercent : c’est un coup de chance extraordinaire pour la Normandie par rapport à la plupart des autres régions qui n’ont pas sa cohérence, et sont le fruit de regroupements hasardeux. La Normandie est la seule région métropolitaine (la Corse peut aussi y prétendre, mais elle est insulaire) qui, désormais, puisse se sentir à l’aise dans ses limites immémoriales, son passé et, par suite, sa géopolitique. Cet avantage – qui arrive bien tard, hélas ! – il va falloir en profiter et en tirer toutes les conséquences.
C’est en bonne voie.

Au plan administratif et institutionnel, nous devons nous réjouir que la fusion des deux demi-régions se réalise dans une même volonté de dépasser les vieilles jalousies entre nos grandes villes et ce, dans le même souci d’y associer l’ensemble des territoires de la Normandie. La réussite de la réunification se mesurera à l’aune de la satisfaction de tous les territoires qui se sentiront concernés par le développement de l’ensemble normand.
Au plan psychologique, la création de la Mission de l’Attractivité Normande (M.A.N.) lancée en grand apparat dans les locaux de l’Opéra de Rouen – Normandie – Théâtre des Arts constitue un fait majeur et ambitieux : combler le hiatus indécent entre la notoriété mondiale de la Normandie et une attractivité médiocre, entretenue par les querelles mesquines d’entités jalouses de leurs prérogatives dérisoires dès lors qu’elles ne s’inscrivent pas dans un projet global. Il est fait appel à l’imagination de tous les Normands au travers d’un questionnaire auquel chacun a le devoir de répondre. L’un des buts que s’assigne la M.A.N. – il faudra s’habituer à ce sigle -, c’est de lancer la marque d’excellence NORMANDIE… Et nous avons déjà de gros atouts à notre disposition, ne serait-ce que l’existence de nos treize A.O.C., A.OP., I.G.P. et autres labels dans la production agro-alimentaire. Mais il faut dépasser cette filière et afficher la marque Normandie pour les autres activités où l’excellence normande doit être connue et reconnue.
Au plan économique (mais ce qui précède en fait déjà partie), la création de l’Agence de Développement de la Normandie (A.D.N., autre sigle à retenir) marque la volonté de tendre toutes les énergies pour dynamiser le tissu économique normand et le dispositif ARME (ah, ces sigles ! ARME pour Anticipation – Redressement – et Mutations Économiques), véritable « coup de main » apporté aux entreprises normandes en mutations, ou cet autre dispositif « Impulsion Export », par lequel la Normandie aide les entreprises de la région à se projeter à l’extérieur. C’est d’ailleurs une des caractéristiques de la nouvelle fierté normande : s’ouvrir au monde, se lancer à la conquête de marchés extérieurs. D’où le voyage à Moscou d’une délégation de chefs d’entreprises normands, accompagnant le Président de Région, Hervé Morin, pour une exploration de l’immense marché russe. D’où cette rencontre prévue, dans l’Eure, à Val-de-Reuil « Entreprendre avec l’Afrique du XXIe siècle », avec les représentants des pays francophones d’Afrique avec lesquels la Normandie, de par ses ports, entretient des relations commerciales fructueuses… 

Mais c’est au plan culturel et identitaire que la Normandie retrouvée et les Normands se réveillent le plus visiblement… Redécouvrant le riche patrimoine médiéval normand, la Région a fortement encouragé l’anniversaire (1066 – 2016) de la bataille d’Hastings – plaquette « Bienvenue en Normandie médiévale », soutien à différentes fêtes et reconstitutions, etc. – à telle enseigne que la commémoration de la victoire de Guillaume a fait la Une de Paris-Normandie (15 oct.), la Dernière d’Ouest-France (17 oct.) et suscité maints articles dans les hebdos normands. Il est loin le temps où certains sycophantes jetaient dédaigneusement « Tout cela, ce sont des affaires de Vikings ! »… Pour sa troisième édition le Festival Normandie Impressionniste a connu le succès avec une participation de nombre de musées de nos villes et une fréquentation imposante d’amateurs locaux et extérieurs ( les chiffres qui viennent d’être publiés font état de 1 200 000 visiteurs dans les différentes expositions – in Paris-Normandie du 19 oct.). La Fête des Normands (autour de la Saint Michel) tend à se diffuser dans toute la Normandie et à devenir ainsi une incontournable tradition. Enfin la Région en dotant chaque lycée du fameux Dictionnaire franco-normand et normand-français (Éditions Eurocibles) a montré qu’elle ne se désintéressait pas de la culture normande enracinée, notamment de ses parlers régionaux. Ce n’est qu’un début d’une (re)prise de conscience qui ne pourra pas demeurer sans lendemains.

Le Mouvement Normand et toutes les organisations normandes, notamment celles qui éditent des revues culturelles (il y a plus de 100 revues culturelles en Normandie !) ne peuvent que se réjouir : il est loin le temps où l’on prêchait dans le désert ! Ce mouvement culturel nous échappe et c’est tant mieux : de nouvelles couches de militants normands émergent et remplissent l’arc-en-ciel de toutes les tendances de l’esprit. Une authentique société normande retrouve sa fierté d’exister…

Didier PATTE, porte-parole et ancien Président du Mouvement Normand