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De la Normandie en marge à la Normandie en marche ?

Mercredi 21 Juin 2017

​​Communiqué n°255 - Semaine 25



Le cirque électoral a replié son chapiteau. Il commençait à lasser. En témoignent les 57% d’abstentions au deuxième tour des élections législatives, sans compter la fronde affirmée des suffrages blancs ou nuls. Il n’est pas question de contester la légitimité – comme certains le font déjà – des Elus de la nouvelle Assemblée nationale. Après tout, les gagnants ont obtenu une majorité des suffrages exprimés… Ce qu’ils avaient comptabilisé au premier tour – entre 20 à 30% des voix le plus souvent – constituait un socle de base à partir duquel ils pouvaient démontrer leur capacité à rassembler. Le système serait convenable si on voulait bien admettre la validité des votes blancs qui est bien l’expression d’une opinion. A l’inverse, le scrutin majoritaire à deux tours aboutit à une aberration démocratique : ainsi, en Normandie, où les candidats de la France Insoumise et du Front National représentent à eux seuls plus d’un tiers des suffrages exprimés, il n’est pas sain que ces formations n’obtiennent aucun élu. On parle d’une volonté présidentielle d’instaurer une dose de proportionnelle : ce pourrait être une nécessité démocratique, même si cela ne remettait pas en cause l’actuel système électoral, dont la vertu est d’assurer des majorités de gouvernement et de gestion à l’échelon national comme au niveau local ou régional. Autrement dit – et c’est la position du Mouvement Normand -, il n’est nul besoin de changer de République, surtout pas de contester l’élection du Président de la République au suffrage universel (l’opinion publique a montré par ses votes son attachement à ce principe). Tout au plus, des corrections au système électoral actuel et, surtout, une meilleure dissociation du vote présidentiel d’avec la désignation des députés (effet désastreux de l’instauration du quinquennat) pourrait redonner aux consultations électorales un intérêt qui semble faiblir.

Cela dit, cela n’explique pas tout. Loin de là. Qui peut contester le désaveu porté par les électeurs envers les partis dit de gouvernement ? Qui peut contester la volonté de changement ou – ce n’est pas la même chose – la volonté de faire émerger des représentants de nouvelles couches de la société ? Petit à petit, on rompt avec la surreprésentation de la caste des fonctionnaires qui, certes, peuvent très bien exercer leur mandat de député, mais qui éliminent, sans le vouloir peut-être, des talents issus de la société civile (concept flou d’ailleurs). D’autre part, il est vrai que les jeunes et les femmes ont trop longtemps été sous-représentés : il faut indiscutablement changer de pratique.
Ces quelques réflexions revêtent un caractère général, valable dans toute la France. Mais n’y a t-il pas, en ce qui concerne la Normandie, des causes plus profondes à la volonté de changement qui s’est exprimée dans les urnes ?
Ecoutant les commentaires des personnalités politiques locales sur France 3, lors de la soirée électorale, nous avons été frappés par le fait que, mises à part les déclarations des Elus du Parti Communiste (MM. Lecocq et Jumel), les propos des autres ne disaient rien des problèmes normands. Ceci explique peut-être le succès indéniable du P.C.F. en Seine-Maritime (3 députés sur 10), qui s’affirme en contre-point de la déroute des candidats, souvent sortants, du Parti Socialiste, voire de la Droite et du Centre.
Il y a des facteurs personnels : la Normandie a été débarrassée de l’engeance Le Vern et – il faut le constater – de l’omnipotence de ce qu’il est convenu d’appeler la « Fabiusie »
L’échec de Valérie Fourneyron (et de son suppléant Nicolas Mayer-Rossignol), celui d’Estelle Grellier ou de Luce Pane (et de son suppléant Frédéric Sanchez, Président de la Métropole Rouen – Normandie), celui aussi de Clotilde Walter à Lisieux, ont certainement une signification qui dépasse les personnes, qui ne manquent pas de qualité. Le Parti Socialiste – sauf exception sur lesquelles nous reviendrons – a payé très cher la politique d’enfumage qui a consisté, sous le quinquennat précédent, à « ECARTER » la Normandie des préoccupations gouvernementales : une indigente politique de la mer, une gesticulation à propos de la politique de développement de l’Axe Seine où, à l’évidence, les responsables politiques socialistes locaux ont trompé les citoyens en voulant leur faire gober la déshérence de la Normandie en matière de communications, ferroviaires, routières et fluviales ou encore la désindustrialisation accélérée d’une région à grande vocation industrielle. L’asservissement des dirigeants socialistes locaux aux oukases de l’Elysée et de Matignon a contribué largement à la MARGINALISATION de la Normandie.

Comme par hasard, les seuls candidats socialistes qui ont résisté au désamour de l’électorat sont ceux qui, labourant leurs circonscriptions, n’hésitant pas à se faire les interprètes de la population locale, ont su montrer une certaine indépendance d’esprit en face de la « doxa » ministérielle (Christophe Bouillon, Laurence Dumont, Joaquin Pueyo), allant même sur les chemins de la contestation « macronienne » (Stéphane Travers). Comment s’étonner dès lors du succès des candidats communistes ou des hommes  de Gauche comme Alain Tourret ou Bruno Questel qui, en ralliant le mouvement L.R.E.M. ont montré qu’ils ne satisfaisaient pas de la superbe, dédaigneuse ou effrontée des Le Vern, Bachelay ou autre Mayer-Rossignol.
Ce constat sans concession, on peut aussi le faire pour ces dirigeants de Droite qui, le jour venu, s’étaient prononcés contre la réunification de la Normandie. Les Normands n’ont pas de rancune, mais ils ont de la mémoire. Sauf Edouard Philippe, qui fit preuve d’indépendance d’esprit et de parti, les abstentions gênées de MM. Morin et Huet, tous les autres Elus de Droite de Normandie ne furent pas au rendez-vous de l’Histoire. Malgré le sursaut, au moment des élections régionales, et, depuis, dans la gestion de la Région, les parlementaires de Droite – nous précisons bien les parlementaires – n’ont pas fait montre d’un grand enthousiasme dans la renaissance d’une Normandie redevenue elle-même. On doit d’ailleurs se demander si le Président Morin a reçu tous les appuis décisifs des parlementaires de son camp dans son entreprise de redynamisation de la Normandie.
Cela, l’électorat l’a bien senti qui, en s’abstenant, a montré son mécontentement à l’égard des sortants ou en votant pour les candidats adoubés par Emmanuel Macron. Le résultat est là : la Droite et le Centre ont perdu des sièges qu’ils auraient pu garder ou conquérir. Le « dégagisme » a joué à plein et une nouvelle couche d’Elus vient de se révéler.
Avec seize députés « en marche », la Normandie ne s’est pas distinguée du reste de la France, à ceci près que des zones, souvent en proie au désespoir – il serait bon de savoir pourquoi – ont eu un réflexe de conservation en continuant à faire confiance à la Droite traditionnelle –Gosselin, à Saint-Lô, Leclerc à Lisieux, Nury, à Tinchebray, Louwagie, à L’Aigle). S’agit-il, là, d’une méfiance à l’égard du mouvement « macronien », supposé être trop proche des métropoles, des villes, des « profiteurs de la mondialisation » ?
Quoi qu’il en soit, la situation est nouvelle si les problèmes sont constants : la Normandie écartée par les précédents gouvernements souhaite un changement de politique en matière d’aménagement du territoire. Si la France est « en marche », nous souhaitons que la Normandie aille du même pas et qu’elle ne soit plus en déshérence. C’est le défi qui est lancé à tout le personnel politique normand et, principalement, aux nouveaux Elus de « La République en Marche ».

Didier PATTE, porte-parole et ancien Président du Mouvement Normand

Pour toute correspondance : 
• Didier Patte. 87, rue de la République. 76940 – La Mailleraye sur Seine (Commune nouvelle d’Arelaune en Seine)
• d.patte948@laposte.net

La Rédaction