TVNC : Normandie, d'actions et d'infos









Inscription à la newsletter




Partager ce site

Courrier mensuel de l'Office de Documentation et d'Information de Normandie

Jeudi 7 Décembre 2017

Sous les sabots de Sleipnir, le coursier d'Odin…
Actualités normandes du mois de novembre 2017



Que les lecteurs nous pardonnent un « coup de gueule » d’entrée : nos journaux sont pleins d’articles sur « l’année exceptionnelle pour la coquille Saint - Jacques », et c’est vrai que, sur les quais de Dieppe et de Port-en-Bessin, l’heure est plutôt à l’euphorie chez les pécheurs… et les acheteurs. Aussi ne comprenons-nous pas que dans les catalogues des grandes surfaces, généreusement (?) distribués dans nos boites à lettres, il soit fait une publicité sans vergogne pour des coquilles Saint-Jacques  importées de pays lointains (Russie, Vietnam…). Le comble, c’est la présentation en plats cuisinés de noix de Saint-Jacques « à la normande » en provenance de ces pays…
Les Assises de la Mer qui viennent de se dérouler au Havre auront été dominées par les problèmes de gouvernance de nos ports. Deux thèses se sont affrontées : qui de l’État ou des Régions aura la haute main sur la gestion technique et commerciale des Grands Ports Maritimes, voire des Ports Autonomes ? Le communiqué N° 260 du Mouvement Normand a largement développé le sujet ; nous n’y reviendrons donc pas, sauf à dire que, dans les prochaines semaines, nous en saurons plus sur les orientations données par le Chef de l’État en la matière. Le Président de la Région Normandie, Hervé Morin, récemment élu Président de l’Association des Régions de France, a clairement fait acte de candidature afin que la Région prenne le contrôle des ports de la Basse Seine. Il est soutenu par d’autres Présidents de Région. Seront-ils entendus ?
 
DE L’ENVIRONNEMENT A L’ÉNERGIE
 
  • Hubert Dejean de la Batie, vice-président du Conseil régional de Normandie, a été élu, à l’unanimité, Président du Conservatoire national du Littoral : les Normands se placent ! Il va devoir apaiser le courroux de Corinne Lepage qui cherche à mobiliser les instances judiciaires européennes à propos du clapage des sédiments dragués dans le lit de la Seine à une quinzaine de kilomètres de nos côtes : jusqu’à présent, les instances françaises ont donné le feu vert… Il doit se réjouir, d’autre part, de la validation du 3e plan de gestion de la Réserve naturelle de l’estuaire. L’arrêté du Préfet avait été attaqué par des associations de protection de la nature : elles ont été déboutées par la Cour d’Appel de Douai. Ce qui ne le concerne peut-être pas, c’est la décision ministérielle portant sur l’arasement des barrages de Vézins et de La Roche qui boit, dans le Sud-Manche. Décision aberrante à plus d’un titre : d’abord ces barrages sont de véritables monuments industriels édifiés dans les années vingt du XXe siècle par l’ingénieur Caquot, ensuite ils ont un rôle de protection contre les inondations menaçant les petites villes de la Basse Vallée de la Sélune. En outre, ils produisent de l’électricité. Mais il faut, parait-il, permettre aux saumons de remonter ce petit fleuve côtier… qu’ils ont désappris à fréquenter depuis bientôt un siècle. Politique de gribouille au moment où l’on cherche des sources d’énergies renouvelables et, chose sans doute négligeable, en un temps où l’on manque d’argent, non seulement pour détruire ces barrages, mais aussi pour « renaturer » cette vallée. Qui paiera ? Les collectivités locales, bien entendu ! En tout cas, ce que l’occupant allemand et les bombes libératrices alliées avaient épargné durant la dernière guerre, des khmers Verts seront parvenus à une destruction imbécile au XXIe siècle.
  • Un problème environnemental semble avoir été réglé : la France – donc aussi la Normandie – s’est débarrassée de ses décharges de vieux pneus (on ne les trouve plus guère que dans certaines exploitations agricoles où ils recouvrent, de façon inesthétique d’ailleurs, les bâches recouvrant les ensilages de maïs). Un autre problème environnemental devient préoccupant : la prolifération des sangliers. Malgré les battues de plus en plus fréquentes, il ne semble pas que les Fédérations de chasseurs soient en mesure de faire cesser les dégâts provoqués par la prolifération d’une espèce invasive n’ayant pas de prédateurs qui pourraient juguler son expansion.
  • Pour en revenir aux problèmes énergétiques, on notera qu’à l’échelon national, on cherche à faciliter les démarches en faveur de l’implantation des éoliennes terrestres, mais que les populations sont de plus en plus réticentes. Pour les éoliennes off-shore, qui concernent davantage la Normandie, on constate le même désir des autorités d’aplanir les éventuelles oppositions du monde de la pêche ou du secteur touristique sans convaincre vraiment. Ce qui entraîne des retards, lesquels peuvent remettre en cause les investissements prévus dans les usines ad hoc de Cherbourg et du Havre. Les aérogénérateurs, finalement, sont-ils la bonne solution pour le développement des énergies renouvelables ?  D’autre part, que peut-on attendre des hydroliennes ? On apprend que celles qui ont été conçues et expérimentées en Bretagne devraient être installées au large de la Manche, depuis Cherbourg. Wait and see !
  • Pour notre part, nous sommes davantage intéressés par la filière hydrogène qui nous semble plus prometteuse, notamment en Normandie.
 
HEURS ET MALHEURS DU SECTEUR AGRICOLE
 
  • Il est essentiel en Normandie. L’agriculture et l’agro-alimentaire représentent 3,4 milliards d’euros à l’exportation de la Région. Et les succès s’enchaînent. Les Chambres d’agriculture départementales reconnaissent que « l’unification de la Normandie a donné un coup de boost » (d’après L’Eure agricole et rurale).
  • La marque d’excellence « Gourmandie » vient de se transformer en « Saveurs de Normandie », nettement plus explicite, et, ce mois-ci, le projecteur est porté sur une entreprise agro-industrielle de Serquigny, ARKEMA, dont le laboratoire Cerdato a créé, il y a quelques lustres, le célèbre Rilsan, tissu artificiel, très bio, dont le succès ne se dément pas. Le rilsan – le nom a un rapport avec la vallée de la Risle – est un plastique très solide, très durable, recyclable, et couramment utilisé dans l’industrie : il procède de l’huile de ricin, provenant essentiellement de l’Inde. Le ricin est une plante qui pousse dans des terroirs arides ou semi-arides et ne concurrence pas les plantes alimentaires. Econome en production de CO2 (pratiquement la moitié de ce que produit un polyamide pétrolier), la fabrication du rilsan reste attractive. De même que les produits textiles à partir du lin, dont la Normandie s’est fait une spécialité. A propos, l’entreprise LINEX, près d’Yvetot, tourne à nouveau à plein régime malgré l’incendie qui, il y a quelques mois, avait perturbé sa production.
  • L’agriculture bio continue son expansion en Normandie (comme dans le reste de la France). Pourtant notre pays, avec 5,3 % de sa surface agricole utile (S.A.U.) consacrée au bio, est loin d’atteindre la moyenne de l’Union Européenne (6,7%). D’autres pays font mieux que nous : l’Allemagne (6,8%), l’Italie (14,2%), la Suède (18,3%), l’Autriche (21,2%). La marge de progression est donc énorme. Ce peut, ce doit être une « niche » pour nos exploitations.
  • En parlant de niches, nous avons relevé une émission de France 3 sur la production de yuzu, en Normandie, et seulement là. Il s’agit d’une agrume, d’origine japonaise, particulièrement appréciée par les grands chefs qui en absorbent toute la production. Il apparaît que la Normandie, en l’occurrence, a un climat propice pour cette arboriculture insolite, promise à un grand avenir. Autre niche : la culture des cornichons (La France importe 80 % des cornichons qu’elle consomme. Ils viennent principalement de l’Inde). Un agriculteur dans l’Eure vient de se lancer avec succès dans la culture des cornichons…
  • La Normandie accueillera en 2020 le Congrès mondial sur les maladies infectieuses équines : c’est dire le renom de la Région en matière d’élevage équin.
  • Pendant tout le mois, la presse normande a relaté les péripéties de la pénurie de beurre : l’incompréhension domine. Cette crise n’a que trop duré. N’oublions pas que 51 % des élevages laitiers en Normandie sont actuellement dans le rouge. Cherchez l’erreur !
  • Une affaire a retenu l’attention : l’affrontement judiciaire entre la firme cotentinaise réalisant le camembert Réaux – Réo, fort justement apprécié, et l’organisme gouvernemental, la DGCCRF. Objet du litige ? L’introduction, pour combattre notamment la listéria, de deux bactéries – dont l’innocuité n’est pas contestée – la carnobacterium divergens et le lactobacillus plantorum, dans la fabrication de ce camembert non thermisé, moulé à la louche. L’enjeu, c’est l’A.O.P. (appellation d’origine protégée). L’organisme gouvernemental considérait que ces deux bactéries probiotiques ne figuraient pas dans le cahier des charges de l’A.O.P. et qu’il y avait tromperie. L tribunal administratif de Caen avait donné raison à Réaux, mais la DGCCRF en a appelé au Conseil d’État. Lequel vient de rendre son arrêt : Réaux n’enfreint en rien les règles de l’A.O.P., bien au contraire. C’est une victoire des praticiens sur les soi-disant experts.
  • Dernier point sur les problèmes liés au monde agricole : et, là, cela touche principalement les apiculteurs. Il s’agit de la prolifération du frelon asiatique. Toutes les semaines, nos journaux relatent la découverte de nids de frelons asiatiques, dans toute la Normandie. Il y a quelques années, nous avions signalé la présence du premier nid de ces dangereux prédateurs (pour les abeilles). : la contagion se révèle plus rapide que prévue. Sans doute faudrait-il un plan de lutte coordonné pour éradiquer cette menace ?
 
PROBLÈMATIQUES MOBILITÉS NORMANDES
 
  • Commençons par les bonnes nouvelles : du côté des communications immatérielles, il semble que toutes les collectivités se démènent. Nous en avons déjà parlé, mais cela souffre la répétition. L’investissement est lourd : il est indispensable.
  • Dans l’aéroportuaire, c’est une embellie appréciable. L’aéroport de Deauville – Normandie vient d’obtenir sa certification européenne de sécurité et son trafic est en croissance, avec 160 000 passagers. De son côté, Caen – Carpiquet, géré conjointement, connaît lui aussi une fréquentation en hausse. Il est considéré comme le second aéroport le plus ponctuel de France.
  • Au plan routier, si le feu vert est donné à la réalisation du contournement Est de Rouen, il subsiste encore des oppositions de la part des futurs riverains et laisse sceptiques certains observateurs. Thierry Delacourt, l’éditorialiste de Liberté – Dimanche, s’interroge sur ce « serpent de mer » (cela fait plus de quarante ans qu’on attend cette jonction entre l’A 28 et l’A 13) : ne sera-t-il pas obsolète et dépassé quand il sera réalisé et que le transport routier aura peut-être connu une évolution radicale ? Beau thème de discussion, dont on ne peut prévoir présentement l’issue…
  •  Nous apprenons que, sur l’A 13, la perspective de créer un nouvel échangeur à la Haie tondue (entre Pont – L’Evêque et Dozulé) ne pourrait se concevoir sans une aide financières des pouvoirs publics : décidément, on se demande pourquoi la S.A.P.N. a été privatisée…
  • Les contours du nouveau tracé du tronçon ferroviaire Rouen – Yvetot commencent à être connus… et suscitent de nombreuses oppositions. Idem pour le tronçon Mantes – Evreux : la L.N.P.N., pour l’instant non financée, n’est pas proche de sa réalisation. Sur la ligne Paris – Granville, il n’y a pas de trains adéquats et décents, déclare avec raison Hervé Morin, et cette ligne restera aléatoire jusqu’au moment où la Région en récupérera la gestion. En attendant, un train – laveur débarrasse enfin les voies de ses feuilles mortes…
  • Le tragique accident de Bonneville sur Touques au cours duquel trois personnes ont trouvé la mort dans une collision entre le train Lisieux – Deauville et une voiture à un passage à niveau sans barrière pose encore une fois la question des croisements non sécurisés entre une voie ferrée et un chemin vicinal ou une petite route de campagne : qui est responsable ?
 
UNE EMBELLIE éCONOMIQUE ?
 
  • Si on fait abstraction du constat désolant d’un pourcentage de 13,6 % de ménages pauvres en Normandie ( - 1020 euros par mois), alors que la moyenne nationale en province atteint 14,5 %, si l’on doit déplorer la disparition programmée du métier d’ivoirier à Dieppe, on peut légitimement espérer une amélioration de la situation économique dans la Région, illustrée par le succès du Salon « Made in France » qui a mis en vedette les entreprises normandes. La filière N.A.E. (Normandie aérospace) engrange les perspectives florissantes des commandes d’Airbus et les entreprises du secteur tente une percée remarquée sur le marché italien, notamment au Salon Aerospace et Defense  Meetings de Turin.
  • L’industrie du tourisme enregistre une progression de 2,8 %, grâce au succès du 500e anniversaire de la création de la ville du Havre, qui a bénéficié en outre du départ de la Transat en double Jacques Vabre. Cette manifestation a ramené plusieurs centaines de milliers de spectateurs autour des pontons du bassin Paul Vatine.
  • Enfin – exemple parmi d’autres – nous avons noté l’innovation prometteuse du café à boire en briques des Etablissements Lerebourg, à Caen.
 
Pour terminer ce rapide tour d’horizon, nous évoquerons le prochain lancement d’une monnaie locale en Normandie sous l’égide de la Région. Elle fédérerait les différentes monnaies locales déjà existantes. C’est avec curiosité que nous en guetterons l’éventuel succès…

Guillaume LENOIR
Assisté de Thierry Langlois et Edwige Le Forestier 

P.S. : Tous les faits signalés dans cette chronique reposent sur des articles collectés dans la presse normande. Pour plus de précisions, s’adresser à l’O.D.I.N. (87, rue de la République – 76 940 La Mailleraye sur Seine).

La Rédaction