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Quels sont, en 2012, les arguments pour vouloir réunifier la Normandie ?

Vendredi 20 Janvier 2012



Divisée en 1956, de façon technocratique, sans l’aval des populations concernées, la Normandie est séparée depuis cette date en deux demi-régions, la haute et la basse Normandie. Les différentes étapes de la décentralisation ont ainsi créé deux collectivités régionales, dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles ont connu un déclin relatif par rapport aux régions qui l’entourent.
 
En un demi-siècle, la Normandie, dont on vient de commémorer le Onzième centenaire de la naissance, a perdu un grand nombre de fonctions métropolitaines supérieures et beaucoup de tertiaire de commandement ou de décision, notamment des directions régionales d’administrations ou d’organismes qui sont allées vers Lille, Rennes, Nantes, Orléans ou Paris, à telle enseigne que c’est maintenant un territoire dépendant comptant peu de sièges sociaux d’entreprises. Ce territoire n’agit plus : il est « agi ». Ce territoire n’attire plus : un quart de ses jeunes diplômés le quitte chaque année.
 
Peut-il en être autrement pour des petites régions (deux départements pour l’une, trois départements pour l’autre, les deux ayant des moyens limités pour générer un véritable développement endogène) ? Elles n’ont pas l’entregent suffisant pour faire valoir un lobbying efficace, tant auprès de la Capitale que des autorités européennes ! Le résultat de ce fractionnement des volontés normandes se constate avec éclat dans la déshérence dans laquelle se trouve le réseau ferré normand : de toute la façade maritime de la France, la Normandie est la seule zone à ne pas être connectée aux grands sillons ferroviaires européens.
 
Cette est en elle-même une anomalie : en effet, par la force des choses, des structures unitaires subsistent ou se recréent : une seule Chambre Régionale d’Agriculture, un seul Comité Régional de Tourisme, une seule CARSAT, un seul Comité du Littoral, un seul Etablissement Public Foncier, un Bassin Laitier de Normandie bien individualisé et, bientôt, une seule Chambre Régionale des Comptes et une seule Chambre Régionale de Commerce et d’Industrie. La volonté d’union ou de réunion des Normands ne cesse de croître, même si elle ne se concrétise pas au plan institutionnel.
 
Cependant la donne est en train de changer. Et ce, sous la pression de la mondialisation, d’une part, qui incite les zones littorales et portuaires à s’inscrire dans le contexte des échanges intercontinentaux. En fonction, d’autre part, du désir exprimé avec force par le Président de la République de faire de Paris une « ville – monde », ne se concevant qu’avec un accès intégré à la mer.
 
Paris – la Mer, l’Axe Seine, devient un impératif d’aménagement du territoire national pour le vingt-et-unième siècle et il suppose une prise en compte globale de l’estuaire et de la baie de Seine, avec tous ses ports (Dieppe, Le Havre, Rouen, Caen, Cherbourg). Dès lors, il devient urgent de concentrer les énergies normandes dans un ensemble territorial cohérent et équilibré : la Normandie, « de la Bresle au Couesnon et de l’Epte à la Hague », dans laquelle le Grand Estuaire (dont les pointes sont Dieppe, Vernon et Cherbourg) ferait le pendant et le partenaire du Grand Paris et dont le Pôle métropolitain, constitué par les agglomérations de Rouen, Le Havre et Caen, jouerait un rôle d’entraînement.
 
 On voit donc que la revendication unitaire de la Normandie ne relève pas du folklore ou d’une nostalgie, mais qu’elle s’inscrit dans une perspective d’avenir concernant tout autant les Français que les Normands.
 
La Normandie est la rencontre de la mer la plus fréquentée du globe, la Manche, et du fleuve, la Seine, qui doit ouvrir Paris au monde : sa vocation maritime est donc essentielle. C’est en outre une des portes d’entrée de l’Europe occidentale pour les flux mondiaux et sa géopolitique en fait une région d’ouverture de première importance. Il est indispensable que les Français, en général, les Normands, en particulier, en prennent conscience et fassent tout pour que cette opportunité d’aménagement du territoire qu’est le projet du Grand Paris et de l’Axe Seine trouve sa concrétisation dans un partenariat équilibré entre la Région Capitale et la Normandie.
 
Pour y parvenir, il faut donc que la Normandie existe : nous n’en sommes plus aux simples coopérations interrégionales, mais aux convergences fusionnelles afin d’atteindre, dans les toutes prochaines années, la résurrection d’une Normandie conquérante et sûre d’elle-même.
Tout le reste n’est que misérables calculs politiciens de boutiquiers sans envergure ou de prébendiers profiteurs de la calamiteuse division absurde de la Normandie.
 
Didier PATTE
Président du Mouvement Normand


La Rédaction