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Courrier mensuel de l'Office de Documentation et d'Information de Normandie

Mercredi 7 Décembre 2016

Sous les sabots de Sleipnir, le coursier d'Odin…
Actualités normandes du mois de novembre 2016

Nos léopards normands ont ronronné de plaisir (et le Coq gaulois a lancé son cocorico) lorsque notre Dieppois Thomas Pesquet s’est élancé de la base de BaÏkonour vers la station spatiale internationale : c’est justice et cela nous remplit de fierté.

De là-haut, Thomas Pesquet a pris un certain recul philosophique en déclarant : « Étrange comme la politique semble disparaître à cent kilomètres d’altitude ».

Nous, pauvres Terriens qui restons sur le plancher des vaches (normandes, of course !), restons accrochés à ces contingences subalternes et il n’étonnera personne que nous commencions notre chronique par un tour d’horizon éminemment politique. Ce mois de novembre a, en effet, été très riche en actualités politiques touchant directement la Normandie (Visite de F. Hollande, à Caen, pour le lancement de SPIRAL 2 au GANIL et venue du Premier ministre, Manuel Valls, à Rouen, pour la signature d’un contrat de développement de la Métropole Rouen – Normandie) et le vote des Primaires de la Droite et du Centre les 20 et 27 novembre derniers.

LA NORMANDIE – COMME LE RESTE DE LA FRANCE – CHOISIT FRANÇOIS FILLON

Il y a homogénéisation des votes de l’électorat normand qui ne se distingue guère du reste de la France en l’occurrence.

François Fillon l’a emporté haut la main, dès le premier tour, éliminant de la compétition Nicolas Sarkozy (20 %) et le « régional de l’étape » (Bruno Lemaire)… Son triomphe au second tour (2/3 des suffrages exprimés) a aussi renvoyé vers sa mairie de Bordeaux Alain Juppé… Nous n’épiloguerons pas sur les significations de ces votes – 10 % de l’électorat général – des partisans de la Droite et du Centre : les commentateurs n’ont pas fini d’en disséquer les causes et conséquences. Observons que cette Primaire a été un succès de participation qui a surpris et donne ainsi au nouveau champion de la Droite et du Centre une certaine légitimité. Il semble que le monde rural s’est particulièrement mobilisé, mais les scores urbains sont aussi signifiants. Nous avons noté que le département de l’Orne (proximité de la Sarthe, fief de F. Fillon ?) plébiscitait l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy. Cela est-il une indication sur une tendance d’un rapprochement du département de l’Orne avec la Région Pays de la Loire ? Si tel était le cas – qu’au Mouvement Normand nous ne saurions approuver, évidemment -, ce serait le signe du sentiment de déshérence qu’éprouve l’Orne qui, rappelons – le, se sent exclu du Schéma stratégique pour le Développement de la Vallée de la Seine – concocté par le Gouvernement socialiste, faut-il le souligner ? – et par l’insuffisance des infrastructures de communications routières et ferroviaires qui marginalise ce département.

Il est urgent – et ce devrait être un objectif prioritaire pour la Région normande – de porter remède au fait qu’un cinquième de son territoire se sent délaissé…

LES VISITES PRÉSIDENTIELLE ET MINISTÉRIELLE SONT – ELLES DES ENFUMAGES POUR ENDORMIR LES NORMANDS ?

Nous étions heureux de voir le Président de la République venir vanter l’excellence de la Recherche, initiée depuis des décennies, à Caen notamment, C’était la reconnaissance d’un effort constant de nos laboratoires et de nos chercheurs… Mais, depuis, des bruits insistants laissent entendre que le GANIL, sous couvert d’une fusion avec des organismes parisiens, passerait sous la coupe de ceux-ci. La centralisation en France n’est pas qu’administrative, elle est aussi scientifique et Paris, visiblement, ne s’en remet pas que la Normandie, avec l’IMEC (Institut de la Mémoire de l’Édition Contemporaine) se soit installé à l’Abbaye d’Ardenne. La B.N.F. (Bibliothèque Nationale de France) avance ses pions et récupère certaines archives locales qui eussent dû être orientées vers l’IMEC (ex : les archives du Théâtre des Deux Rives, de Rouen…)

Manuel Valls, à Rouen, a fait très fort : il a vanté l’urgence du fameux Canal Seine – Nord – Europe (choix discutable et coûteux) alors que les portuaires de la Basse Seine regrettent qu’on ne procède pas préalablement à une mise à niveau de la desserte ferroviaire et fluviale de la Vallée de la Seine. Anvers, premier port de France, est-ce cela qu’on veut perpétuer en haut-lieu ?

LA MER, L’ESSENCE DE LA NORMANDIE, EST-ELLE TOUJOURS AU CENTRE DES PRÉOCCUPATIONS NORMANDES ?

Alors que l’on fête les quarante années d’existence du port pétrolier d’Antifer, excroissance du Grand Port Maritime du Havre, on s’interroge encore sur la pertinence de cet équipement qui avait, a toujours, la vocation de recevoir les super-tankers. Lorsqu’il fut réalisé, on imaginait que ces navires, venant d’atteindre la jauge de 500 000 t., pouvaient connaître, d’une part, une augmentation encore supérieure de tonnage, d’autre part, que le fret pétrolier irait croissant. Sur ce dernier point, les prévisionnistes se sont trompés. Même si la consommation mondiale de pétrole brut n’a pas enregistré une baisse, bien au contraire, les flux de « crude » se sont portés ailleurs, vers la Chine notamment et vers les raffineries des pays producteurs. Alors, Antifer n’est-il pas disproportionné ? Peut-être faudrait-il que cet équipement pût servir à d’autres trafics ?

La question vaut d’être posée et à rapprocher des vicissitudes de la fameuse plate-forme multimodale, bénéficiant d’un sursis quant à sa gouvernance et sa destination. Cela pose en outre la question de savoir qui, des utilisateurs ou des technocrates portuaires, doit décider des investissements à effectuer dans nos Grands Ports Maritimes. La France a des ingénieurs ultra-compétents, mais sont-ils aussi performants en matière de commerce maritime ? Les ports du Northern Range (Anvers, Rotterdam, etc.) sont gérés par leurs usagers et les collectivités locales qui, elles, cultivent une vraie mentalité maritime et… ne s’en portent pas plus mal !

On peut d’ailleurs se demander si les responsables locaux sont bien conscients de l’importance de la vocation maritime de la Normandie quand on prend connaissance des hésitations quant au destin de la liaison transmanche Dieppe – Newhaven. Le maire de Dieppe, Sébastien Jumel, a raison – et le dit haut et fort – lorsqu’il demande des engagements fermes du Conseil départemental de la Seine Maritime et, pourquoi pas ?, de la Région.

Que dire du mouvement de protestation orchestré contre le clapage des sédiments de la Seine dont le dragage est vital pour le port de Rouen ? Jusqu’alors, les communes riveraines de la Côte fleurie ne protestaient pas beaucoup devant le comblement de la fosse du Kannick, pourtant située aussi près de Trouville que la fosse Machu, lieu choisi pour les futurs clapages… Certains édiles se font mousser en menant le branle de la contestation, avec des relents de suspicion à l’égard de la haute Normandie qui viendrait perturber la tranquillité de la basse Normandie… Depuis un an, la Normandie est réunifiée, que diable !, et la Normandie tout entière doit assumer sa vocation maritime. Au profit de tous les Normands !

Certains l’ont compris qui se réjouissent de savoir que le G.I.E. HAROPA exporte plus d’un milliard de bouteilles de vins français à destination du monde entier, que Cherbourg développe ses nurseries à poisson, que la Normandie est leader européen pour la production de spiruline, cette algue aux nombreuses qualités nutritives (cf. Paris-Normandie – 5 nov.) et que les homards normands – et jersiais – viennent de voir leur certification renouvelée…

LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE PASSE AUSSI PAR LA NORMANDIE

Mais le nucléaire reste incontournable, d’autant plus qu’il ne participe pas à la production de gaz à effets de serre, objectif premier de la nécessaire transition énergétique. L’E.P.R. de Flamanville devrait entrer en service en 2018 et, même si les problèmes de la centrale de Paluel, dus à la chute d’un générateur, risque de coûter un milliard d’euros à l’opérateur. Du côté des énergies renouvelables, les difficultés s’amoncellent : l’éolien terrestre est fortement contesté en Seine – Maritime (ypreville – Biville et La Houssaye – Bérenger) et de nombreux recours sont formés à l’encontre de l’éolien off – shore. Sans doute trouvera – t – on de vraies satisfaction avec la méthanisation (qui peut, en outre, être un appoint financier non négligeable pour les exploitations agricoles). Mais l’espoir et l’avenir résident certainement dans la maîtrise de l’hydrogène. La Normandie, le département de la Manche surtout, sont en pointe : ces deux collectivités viennent d’être labellisées « Territoire hydrogène ».

Le transport de l’électricité pose problème à terre (la Manche est couturée par les lignes à haute tension issues de Flamanville à destination de Paris et de la Bretagne). En est-il de même pour « l’autoroute de l’électricité », reliant la Normandie à la Grande – Bretagne ? Une récente réunion de concertation vient de se dérouler à Gonneville – en – Auge, qui a permis à un représentant d’une collectivité des Hauts de France de raconter que, depuis des décennies, elle supporte sans dommage pour la santé, les installations souterraines de l’interconnexion électrique avec l’Angleterre. Tous ces projets, d’une importance économique considérable, sont acceptables dès lors qu’une vraie concertation entre les opérateurs et le public permet d’en démontrer l’innocuité, tant visuelle que sanitaire (ce qui n’est pas le cas des éoliennes terrestres).

THEME RÉCURRENT : LE PROBLÈME DES INFRASTRUCTURES DE COMMUNICATIONS EN NORMANDIE

Ce n’est pas d’aujourd’hui que le Mouvement Normand dénonce le fait que la Normandie subit un retard de Trente ans en la matière, ayant été sacrifiée aux projets pharaoniques des liaisons autoroutières (prioritaires chez les autres) et des lignes TGV qui ont pompé tous les investissements ferroviaires.

Une association d’usagers de la route a dénoncé – pour toute la France – l’état lamentable du réseau routier secondaire. La Normandie ne fait pas exception. Pire, son réseau routier reste incomplet. Quand donc se décidera – t – on à réaliser la Diagonale normande, qui désenclaverait l’Orne par exemple ?

Mais, bien entendu, c’est le train qui soulève le plus de critiques. Notre presse relève, quasiment tous les jours (nous tenons à disposition de quiconque la liste des articles du mois dénonçant les nombreux incidents et retards de nos lignes T.E.T. et T.E.R… Le pompon revenant à la ligne Paris – Granville où les trains partent avant l’heure… pour arriver quand même en retard ou s’arrêter en cours de route à cause des feuilles mortes d’automne (sic !) ou de l’absence d’un conducteur). Cependant, une lueur d’espoir apparaît : la Région vient de commander 40 nouvelles rames, chez Bombardier – fabriquées dans le Nord -, tandis que le centre de Sotteville vient d’être retenu comme base de maintenance.

Hervé Morin s’impatiente, mais poursuit obstinément, avec la majorité du Conseil régional, sa révolution ferroviaire. La ligne de fret Serqueux – Gisors vient d’être reconnue d’utilité publique (mais l’État n’y investit aucun kopeck. Merci le Gouvernement ! Et la Région Ile-de-France ne semble pas pressée de continuer des investissements au-delà de Gisors)…

Quant à la L.N.P.N… On en discute, mais pas l’ombre d’un financement de la part de l’État. Dans l’Eure, les collectivités optent pour une gare nouvelle à Evreux – Nétreville et, sur le parcours Rouen – Yvetot, il apparaît que les Élus du coin demandent – avec juste raison – un moindre impact aux dépens de la zone traversée. Ce qui peut se comprendre : une modernisation du tronçon actuel serait sans doute la solution la plus adéquate.

JALONS

La Normandie produit 383 tonnes de miel. C’est peu et la Région est l’une des plus pauvres en matière d’apiculture. Ce bilan est… ridicule si on le compare aux 28 000 tonnes de miel importées par la France. Suggestion du Mouvement Normand : que la Région lance un plan « Miel », avec comme objectif que la Normandie produise dans un premier temps un tonnage de miel équivalent à la moyenne de production des autres régions françaises.

La filière Bio-lait envisage une croissance de 10 % de sa production : une des (petites) réponses à la crise de l’élevage laitier.

La filière équine a tenu un Salon du Cheval très remarqué. On y apprend – mais ce n’est pas une surprise – que la Normandie est la première région d’élevage (30 %), qu’il y avait 37 centres de recherche chez nous, que cela représentait 17 000 emplois et que l’on comptait 46 717 licenciés dans les clubs (Ouest – France – 26 nov.)

Au Mêle sur Sarthe, la Foire aux poulains a fait la part belle aux percherons.

Le Grand National de Trot – véritable championnat de France du Trot – a connu sa 13e étape à l’hippodrome de Mauquenchy.

En matière de tourisme, il apparaît qu’un automne exceptionnel a, en partie, sauvé la saison. Ce que Paris – Normandie titre de façon idiote « L’été indien sauve la saison (P.N. – 10nov.). L’expression « été indien », qui fleure bon son américanisme, remplace maintenant notre traditionnel « été de la Saint Martin ». Cela étant, Rouen veut reconquérir la clientèle japonaise, en s’appuyant sur le thème de Jeanne d’Arc et Deauville prétend au titre de « capitale du tourisme digital normand ».

Le sport, que le Mouvement Normand considère comme une activité économique « crée des emplois », démontre Paris-Normandie (13 nov.) et de citer l’exemple de la Ligue de Normandie de la Voile qui va embaucher 30 salariés… Les ligues sportives, en se réunissant au niveau régional, développent de nouvelles ambitions. Par exemple le rapprochement des équipes de hockey de Rouen et de Caen envisage la mise en commun de leurs centres de formation.

En matière industrielle, le Groupe Safran vient de produire le premier composant pour le Boeing 777 X : manière comme une autre de rappeler à l’opinion que l’industrie aéronautique normande ne travaille pas seulement pour Airbus ou l’Aérospatiale.

« L’émirat pétrochimique de la Basse Seine serait-il en train de faire son outing ? », écrit drôlement Paris-Normandie (22 nov.) en signalant que l’Union des Industries Chimiques vient d’embaucher une chargée de mission « 100 % chimie du végétal ». Cela peut intéresser le monde agricole. Rappelons que seulement 10 % des matières premières utilisées en chimie industrielle sont d’origine végétale. Mais savoir aussi que 48 % de la biomasse utilisée par l’industrie chimique normande est importée.

Les discussions autour du Traité de Libre Échange TAFTA entre les États – Unis et l’Europe ont attiré l’attention de la presse sur les échanges entre la Normandie et la Côte Est des États – Unis. C’est la Seine Maritime qui, à 61,5 %, est la plus concernée, avec 179 entreprises impliquées et 29 qui sont à capitaux américains. L’ensemble des échanges américano-normands représente 30,7 milliards d’euros.

OU SONT NOS DUCS ?

Un chercheur norvégien et son équipe ont examiné avec toute la rigueur scientifique voulue les ossements présumés des Ducs Richard 1er et Richard II, inhumés comme chacun sait dans l’Abbatiale de Fécamp, résidence principale de ces princes fondateurs de la Normandie… normande. Le verdict est implacable : ce ne sont pas les restes de nos Ducs. Ils sont largement antérieurs. Alors, où sont nos Ducs ? Évidemment dans l’Abbatiale, à la suite de translations répétées au cours des siècles. Et alors ? Le Mouvement Normand considère qu’ils sont d’abord dans la mémoire des hommes et cela nous suffit.

2 décembre 2016

Guillaume LENOIR

Assisté d’Emma Davesne et Edwige Le Forestier



P.S. : Tous les faits signalés dans cette chronique reposent sur des articles collectés dans la presse normande. Pour plus de précisions, s’adresser à l’O.D.I.N. (87, rue de la République – 76 940 La Mailleraye sur Seine).



Nos léopards normands ont ronronné de plaisir (et le Coq gaulois a lancé son cocorico) lorsque notre Dieppois Thomas Pesquet s’est élancé de la base de BaÏkonour vers la station spatiale internationale : c’est justice et cela nous remplit de fierté. De là-haut, Thomas Pesquet a pris un certain recul philosophique en déclarant : « Étrange comme la politique semble disparaître à cent kilomètres d’altitude ». Nous, pauvres Terriens qui restons sur le plancher des vaches (normandes, of course !), restons accrochés à ces contingences subalternes et il n’étonnera personne que nous commencions notre chronique par un tour d’horizon éminemment politique. Ce mois de novembre a, en effet, été très riche en actualités politiques touchant directement la Normandie (Visite de F. Hollande, à Caen, pour le lancement de SPIRAL 2 au GANIL et venue du Premier ministre, Manuel Valls, à Rouen, pour la signature d’un contrat de développement de la Métropole Rouen – Normandie) et le vote des Primaires de la Droite et du Centre les 20 et 27 novembre derniers.

LA NORMANDIE – COMME LE RESTE DE LA FRANCE – CHOISIT FRANÇOIS FILLON

Il y a homogénéisation des votes de l’électorat normand qui ne se distingue guère du reste de la France en l’occurrence. François Fillon l’a emporté haut la main, dès le premier tour, éliminant de la compétition Nicolas Sarkozy (20 %) et le « régional de l’étape » (Bruno Lemaire)… Son triomphe au second tour (2/3 des suffrages exprimés) a aussi renvoyé vers sa mairie de Bordeaux Alain Juppé… Nous n’épiloguerons pas sur les significations de ces votes – 10 % de l’électorat général – des partisans de la Droite et du Centre : les commentateurs n’ont pas fini d’en disséquer les causes et conséquences. Observons que cette Primaire a été un succès de participation qui a surpris et donne ainsi au nouveau champion de la Droite et du Centre une certaine légitimité. Il semble que le monde rural s’est particulièrement mobilisé, mais les scores urbains sont aussi signifiants. Nous avons noté que le département de l’Orne (proximité de la Sarthe, fief de F. Fillon ?) plébiscitait l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy. Cela est-il une indication sur une tendance d’un rapprochement du département de l’Orne avec la Région Pays de la Loire ? Si tel était le cas – qu’au Mouvement Normand nous ne saurions approuver, évidemment -, ce serait le signe du sentiment de déshérence qu’éprouve l’Orne qui, rappelons – le, se sent exclu du Schéma stratégique pour le Développement de la Vallée de la Seine – concocté par le Gouvernement socialiste, faut-il le souligner ? – et par l’insuffisance des infrastructures de communications routières et ferroviaires qui marginalise ce département. Il est urgent – et ce devrait être un objectif prioritaire pour la Région normande – de porter remède au fait qu’un cinquième de son territoire se sent délaissé…

LES VISITES PRÉSIDENTIELLE ET MINISTÉRIELLE SONT-ELLES DES ENFUMAGES POUR ENDORMIR LES NORMANDS ?

Nous étions heureux de voir le Président de la République venir vanter l’excellence de la Recherche, initiée depuis des décennies, à Caen notamment, C’était la reconnaissance d’un effort constant de nos laboratoires et de nos chercheurs… Mais, depuis, des bruits insistants laissent entendre que le GANIL, sous couvert d’une fusion avec des organismes parisiens, passerait sous la coupe de ceux-ci. La centralisation en France n’est pas qu’administrative, elle est aussi scientifique et Paris, visiblement, ne s’en remet pas que la Normandie, avec l’IMEC (Institut de la Mémoire de l’Édition Contemporaine) se soit installé à l’Abbaye d’Ardenne. La B.N.F. (Bibliothèque Nationale de France) avance ses pions et récupère certaines archives locales qui eussent dû être orientées vers l’IMEC (ex : les archives du Théâtre des Deux Rives, de Rouen…) Manuel Valls, à Rouen, a fait très fort : il a vanté l’urgence du fameux Canal Seine-Nord-Europe (choix discutable et coûteux) alors que les portuaires de la Basse Seine regrettent qu’on ne procède pas préalablement à une mise à niveau de la desserte ferroviaire et fluviale de la Vallée de la Seine. Anvers, premier port de France, est-ce cela qu’on veut perpétuer en haut-lieu ?

LA MER, L’ESSENCE DE LA NORMANDIE, EST-ELLE TOUJOURS AU CENTRE DES PRÉOCCUPATIONS NORMANDES ?

Alors que l’on fête les quarante années d’existence du port pétrolier d’Antifer, excroissance du Grand Port Maritime du Havre, on s’interroge encore sur la pertinence de cet équipement qui avait, a toujours, la vocation de recevoir les super-tankers. Lorsqu’il fut réalisé, on imaginait que ces navires, venant d’atteindre la jauge de 500 000 t., pouvaient connaître, d’une part, une augmentation encore supérieure de tonnage, d’autre part, que le fret pétrolier irait croissant. Sur ce dernier point, les prévisionnistes se sont trompés. Même si la consommation mondiale de pétrole brut n’a pas enregistré une baisse, bien au contraire, les flux de « crude » se sont portés ailleurs, vers la Chine notamment et vers les raffineries des pays producteurs. Alors, Antifer n’est-il pas disproportionné ? Peut-être faudrait-il que cet équipement pût servir à d’autres trafics ? La question vaut d’être posée et à rapprocher des vicissitudes de la fameuse plate-forme multimodale, bénéficiant d’un sursis quant à sa gouvernance et sa destination. Cela pose en outre la question de savoir qui, des utilisateurs ou des technocrates portuaires, doit décider des investissements à effectuer dans nos Grands Ports Maritimes. La France a des ingénieurs ultra-compétents, mais sont-ils aussi performants en matière de commerce maritime ? Les ports du Northern Range (Anvers, Rotterdam, etc.) sont gérés par leurs usagers et les collectivités locales qui, elles, cultivent une vraie mentalité maritime et… ne s’en portent pas plus mal ! On peut d’ailleurs se demander si les responsables locaux sont bien conscients de l’importance de la vocation maritime de la Normandie quand on prend connaissance des hésitations quant au destin de la liaison transmanche Dieppe – Newhaven. Le maire de Dieppe, Sébastien Jumel, a raison – et le dit haut et fort – lorsqu’il demande des engagements fermes du Conseil départemental de la Seine Maritime et, pourquoi pas ?, de la Région. Que dire du mouvement de protestation orchestré contre le clapage des sédiments de la Seine dont le dragage est vital pour le port de Rouen ? Jusqu’alors, les communes riveraines de la Côte fleurie ne protestaient pas beaucoup devant le comblement de la fosse du Kannick, pourtant située aussi près de Trouville que la fosse Machu, lieu choisi pour les futurs clapages… Certains édiles se font mousser en menant le branle de la contestation, avec des relents de suspicion à l’égard de la haute Normandie qui viendrait perturber la tranquillité de la basse Normandie… Depuis un an, la Normandie est réunifiée, que diable !, et la Normandie tout entière doit assumer sa vocation maritime. Au profit de tous les Normands ! Certains l’ont compris qui se réjouissent de savoir que le G.I.E. HAROPA exporte plus d’un milliard de bouteilles de vins français à destination du monde entier, que Cherbourg développe ses nurseries à poisson, que la Normandie est leader européen pour la production de spiruline, cette algue aux nombreuses qualités nutritives (cf. Paris-Normandie – 5 nov.) et que les homards normands – et jersiais – viennent de voir leur certification renouvelée…

LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE PASSE AUSSI PAR LA NORMANDIE

Mais le nucléaire reste incontournable, d’autant plus qu’il ne participe pas à la production de gaz à effets de serre, objectif premier de la nécessaire transition énergétique. L’E.P.R. de Flamanville devrait entrer en service en 2018 et, même si les problèmes de la centrale de Paluel, dus à la chute d’un générateur, risque de coûter un milliard d’euros à l’opérateur. Du côté des énergies renouvelables, les difficultés s’amoncellent : l’éolien terrestre est fortement contesté en Seine-Maritime (Ypreville – Biville et La Houssaye – Bérenger) et de nombreux recours sont formés à l’encontre de l’éolien off – shore. Sans doute trouvera-t-on de vraies satisfaction avec la méthanisation (qui peut, en outre, être un appoint financier non négligeable pour les exploitations agricoles). Mais l’espoir et l’avenir résident certainement dans la maîtrise de l’hydrogène. La Normandie, le département de la Manche surtout, sont en pointe : ces deux collectivités viennent d’être labellisées « Territoire hydrogène ». Le transport de l’électricité pose problème à terre (la Manche est couturée par les lignes à haute tension issues de Flamanville à destination de Paris et de la Bretagne). En est-il de même pour « l’autoroute de l’électricité », reliant la Normandie à la Grande – Bretagne ? Une récente réunion de concertation vient de se dérouler à Gonneville-en-Auge, qui a permis à un représentant d’une collectivité des Hauts de France de raconter que, depuis des décennies, elle supporte sans dommage pour la santé, les installations souterraines de l’interconnexion électrique avec l’Angleterre. Tous ces projets, d’une importance économique considérable, sont acceptables dès lors qu’une vraie concertation entre les opérateurs et le public permet d’en démontrer l’innocuité, tant visuelle que sanitaire (ce qui n’est pas le cas des éoliennes terrestres).

THEME RÉCURRENT : LE PROBLÈME DES INFRASTRUCTURES DE COMMUNICATIONS EN NORMANDIE

Ce n’est pas d’aujourd’hui que le Mouvement Normand dénonce le fait que la Normandie subit un retard de Trente ans en la matière, ayant été sacrifiée aux projets pharaoniques des liaisons autoroutières (prioritaires chez les autres) et des lignes TGV qui ont pompé tous les investissements ferroviaires. Une association d’usagers de la route a dénoncé – pour toute la France – l’état lamentable du réseau routier secondaire. La Normandie ne fait pas exception. Pire, son réseau routier reste incomplet. Quand donc se décidera-t-on à réaliser la Diagonale normande, qui désenclaverait l’Orne par exemple ? Mais, bien entendu, c’est le train qui soulève le plus de critiques. Notre presse relève, quasiment tous les jours (nous tenons à disposition de quiconque la liste des articles du mois dénonçant les nombreux incidents et retards de nos lignes T.E.T. et T.E.R… Le pompon revenant à la ligne Paris-Granville où les trains partent avant l’heure… pour arriver quand même en retard ou s’arrêter en cours de route à cause des feuilles mortes d’automne (sic !) ou de l’absence d’un conducteur). Cependant, une lueur d’espoir apparaît : la Région vient de commander 40 nouvelles rames, chez Bombardier – fabriquées dans le Nord -, tandis que le centre de Sotteville vient d’être retenu comme base de maintenance. Hervé Morin s’impatiente, mais poursuit obstinément, avec la majorité du Conseil régional, sa révolution ferroviaire. La ligne de fret Serqueux – Gisors vient d’être reconnue d’utilité publique (mais l’État n’y investit aucun kopeck. Merci le Gouvernement ! Et la Région Ile-de-France ne semble pas pressée de continuer des investissements au-delà de Gisors)… Quant à la L.N.P.N… On en discute, mais pas l’ombre d’un financement de la part de l’État. Dans l’Eure, les collectivités optent pour une gare nouvelle à Evreux – Nétreville et, sur le parcours Rouen – Yvetot, il apparaît que les Élus du coin demandent – avec juste raison – un moindre impact aux dépens de la zone traversée. Ce qui peut se comprendre : une modernisation du tronçon actuel serait sans doute la solution la plus adéquate.

JALONS

La Normandie produit 383 tonnes de miel. C’est peu et la Région est l’une des plus pauvres en matière d’apiculture. Ce bilan est… ridicule si on le compare aux 28 000 tonnes de miel importées par la France. Suggestion du Mouvement Normand : que la Région lance un plan « Miel », avec comme objectif que la Normandie produise dans un premier temps un tonnage de miel équivalent à la moyenne de production des autres régions françaises.

La filière Bio-lait envisage une croissance de 10 % de sa production : une des (petites) réponses à la crise de l’élevage laitier.

La filière équine a tenu un Salon du Cheval très remarqué. On y apprend – mais ce n’est pas une surprise – que la Normandie est la première région d’élevage (30 %), qu’il y avait 37 centres de recherche chez nous, que cela représentait 17 000 emplois et que l’on comptait 46 717 licenciés dans les clubs (Ouest France – 26 nov.) Au Mêle sur Sarthe, la Foire aux poulains a fait la part belle aux percherons. Le Grand National de Trot – véritable championnat de France du Trot – a connu sa 13e étape à l’hippodrome de Mauquenchy.

En matière de tourisme, il apparaît qu’un automne exceptionnel a, en partie, sauvé la saison. Ce que Paris Normandie titre de façon idiote « L’été indien sauve la saison » (P.N. – 10nov.). L’expression « été indien », qui fleure bon son américanisme, remplace maintenant notre traditionnel « été de la Saint Martin ». Cela étant, Rouen veut reconquérir la clientèle japonaise, en s’appuyant sur le thème de Jeanne d’Arc et Deauville prétend au titre de « capitale du tourisme digital normand ».

Le sport, que le Mouvement Normand considère comme une activité économique « crée des emplois », démontre Paris Normandie (13 nov.) et de citer l’exemple de la Ligue de Normandie de la Voile qui va embaucher 30 salariés… Les ligues sportives, en se réunissant au niveau régional, développent de nouvelles ambitions. Par exemple le rapprochement des équipes de hockey de Rouen et de Caen envisage la mise en commun de leurs centres de formation.

En matière industrielle, le Groupe Safran vient de produire le premier composant pour le Boeing 777 X : manière comme une autre de rappeler à l’opinion que l’industrie aéronautique normande ne travaille pas seulement pour Airbus ou l’Aérospatiale.

« L’émirat pétrochimique de la Basse Seine serait-il en train de faire son outing ? », écrit drôlement Paris Normandie (22 nov.) en signalant que l’Union des Industries Chimiques vient d’embaucher une chargée de mission « 100 % chimie du végétal ». Cela peut intéresser le monde agricole. Rappelons que seulement 10 % des matières premières utilisées en chimie industrielle sont d’origine végétale. Mais savoir aussi que 48 % de la biomasse utilisée par l’industrie chimique normande est importée.

Les discussions autour du Traité de Libre Échange TAFTA entre les États Unis et l’Europe ont attiré l’attention de la presse sur les échanges entre la Normandie et la Côte Est des États Unis. C’est la Seine Maritime qui, à 61,5 %, est la plus concernée, avec 179 entreprises impliquées et 29 qui sont à capitaux américains. L’ensemble des échanges américano-normands représente 30,7 milliards d’euros.

OU SONT NOS DUCS ?

Un chercheur norvégien et son équipe ont examiné avec toute la rigueur scientifique voulue les ossements présumés des Ducs Richard 1er et Richard II, inhumés comme chacun sait dans l’Abbatiale de Fécamp, résidence principale de ces princes fondateurs de la Normandie… normande. Le verdict est implacable : ce ne sont pas les restes de nos Ducs. Ils sont largement antérieurs. Alors, où sont nos Ducs ? Évidemment dans l’Abbatiale, à la suite de translations répétées au cours des siècles. Et alors ? Le Mouvement Normand considère qu’ils sont d’abord dans la mémoire des hommes et cela nous suffit.

2 décembre 2016
Guillaume LENOIR
Assisté d’Emma Davesne et Edwige Le Forestier

P.S. : Tous les faits signalés dans cette chronique reposent sur des articles collectés dans la presse normande. Pour plus de précisions, s’adresser à l’O.D.I.N. (87, rue de la République – 76 940 La Mailleraye sur Seine).

La Rédaction